Lucien Prudent Aubert
vers 1925
Bourg de Partie- Neuville sur Vanne



Lucien Prudent Aubert
en mai 1928
au 12ème Régiment de Dragons


AUBERT
Lucien Prudent
> 22/02/1908- Villemoiron en Othe 10)
// + 06/03/1943 (35 ans) - Romilly sur Seine (10)

Bourrelier

Registre Etat Civil deVillemoiron (10)- Année 1908 - Vue 104/111
Acte de Naissance de Lucien Prudent Aubert : 22/02/1908
L'an 1908, le 22 fevrier à 4 heures du soir, par devant nous Mosdier Stanislas, maire officier de l'etat civil de la commune de Villemoiron canton d'Aix en Othe, département de l'Aube est comparu Aubert Prudent Adelin, âgé de 27 ans, manouvrier domicilié à Villemoiron lequel nous a déclaré que ce jour à 2 heures du soir est né à son dit domicile un enfant de sexe masculin qu'il nous présente et auquel il a déclaré donner les prénoms de Lucien Prudent, lequel enfant est né de lui déclarant et de Guinand Adonis Ernestine , âgée de 25 ans, sans profession domiciliée aussi à Villemoiron son épouse. La dite déclaration faite en présence de Maillot Paul âgé de 31 ans, chauffeur domicilié à Saint Florentin Yonne et de Pernuit Alphone âgé de 43 ans
bonnetier domicilié à Villemoiron et ont les déclarant et témoins signé avec nous le présent acte de naissance après qu'il leur en a été fait lecture.
Signatures : Aubert, Maillot, Pernuit Alphonse, Mosdier.


Registre Etat Civil Romilly sur Seine (10) - Année 1943
Acte de décès de  Lucien Prudent Aubert : 06/03/1943


 


ELEMENTS DE BIOGRAPHIE

Lucien Prudent Aubert est le troisième enfant de Prudent Adelin Aubert, exerçant successivement les métiers de domestique, puis cultivateur, charretier, propriétaire rentier,  et de son épouse Adonis Ernestine Guinand, bonnetière. Deux filles le précèdent, ses soeurs Lucia Ernestine née en 1905 et Lucette Ernestine née en 1906, l'une née comme lui à Villemoiron en Othe et la seconde à Aix en Othe.

Toute la famille semble avoir habité d'abord à Villemoiron, puis Aix en Othe au hameau de La Vove puis à St Mards en Othe au hameau de Bel air, et enfin à Marcilly le Hayer au lieu dit de Putemusse, dans une maison provenant d'un héritage du côté paternel.
Prudent Adelin son père décède brutalement le
16/01/1913, suite à une tuberculose aïgue. Ses enfants, Lucia, Lucette et Lucien héritent lors de la succession de 300 francs or chacun, dont ils n'auront pu bénéficier qu'à leur majorité à l'âge de 21 ans.

Leur mère Adonis se remarie quelques années plus tard en 1917 avec Paul Menneret, tenant une boutique de vente et réparation de cycles dans le village, et bourrelier.
Lucien Prudent apprend auprès de son beau-père, lui aussi le métier de bourrelier, dès l'âge de14 ans, qui le considère comme son fils.
Il est recensé en 1926 à Marcilly le Hayer, exerçant le métier de bourrelier, et ayant comme patron son beau-père Paul Menneret, marié à sa mère Adonis Guinand.

Il pense reprendre la boutique de celui-ci lorsqu'il est appelé  pour son service militaire sous matricule N° 187, le 10 mai 1928 dans le 12ème Régiment de Dragon, puis ensuite au 29ème Régiment de Dragon, avant d'être libéré. Il est quelque temps après ré-affecté au Centre Mobilisateur de Cavalerie N° 40 en mai 1931, puis de nouveau en 1934, au Centre de Cavalerie N° 6.

Il est ensuite affecté au Centre Mobilisateur des Trains en 1938, puis rappelé au Centre des Trains N° 8 à Dijon le 3 septembre 1939, le jour de la déclaration de guerre à l'Allemagne. Il est là mobilisé à la 16ème Compagnie Hippomobile QGDI (Génie et Infanterie) et part aux front des armées le 09/09/1939.
Il est capturé par les soldats allemands à Saverne le 19/06/1940 et envoyé dans un centre de prisonniers à Bourges occupée par les Allemands, ce durant plusieurs semaines.
De cette prison du Bordiot, ou de la Caserne Carnot où il est enfermé et avec le système de la relève institué par le Gouvernement de Vichy, suite à l'armistice du 22/06/1940  signé par Pétain dans la clairière de Rethondes avec l'Allemagne, il est jeté dans un train à bestiaux et envoyé de force dans un camp de travail au Stalag XI-A d'Alten-Grabaw près de Magdeburg en Saxe à 90 km de Berlin.

Il est enfermé là avec des centaines d'autres prisonniers, dans des conditions extrêmes, pour le travail obligatoire instauré par le régime nazi, au profit des armées du Reich.
Cet ancien camp de prisonniers de guerre de la 1ère Guerre Mondiale était composé de dizaines de baraques en bois et béton qui logeaient environ 200 personnes chacune, avec des lits superposés en bois et des couvertures crasseuses, parfois avec des paillasses, deux ou trois poêles à bois pour le chauffage et des latrines infectes.
Les prisonniers étaient regroupés par nationalité et étaient au nombre de 15000 environ, dans le camp encerclé de fils barbelés et de miradors, dans des conditions d'hygiène, d'alimentation, et de chauffage désastreuses. Certains travaillent 12 à 14 heures par jour à l'arrachage des betteraves dans les fermes, d'autres dans des usines voisines du camp sous la garde permanente des soldats.

Dans le camp il y avait un hôpital appelé le Lazaret. C'est probablement là que Lucien se retrouve soigné tant bien que mal, de ses douleurs extrêmes à l'estomac qui lui sont apparues et de ses dents qui se déchaussent en raison des pâtées et des soupes données aux prisonniers, en guise de repas.
Peut-être même a t'on mené quelques expériences médicales avec l'alimentation, car de nombreux prisonniers souffrent des mêmes symptômes. Mais dans les courriers qui partent aux familles, surtout il faut écrire que la santé est bonne et que tout ne va pas si mal, car si la lettre est lue par les gardes du camp, les risques de sanction peuvent être sévères.

Sa santé continue se dégrade tous les jours davantage et après presque un an et demi de captivité, il est rapatrié vers la France le 23/09/1941 et est démobilisé deux jours plus tard par le Centre de Démobilisation de Troyes, en raison de ses troubles gastriques sévères et la perte de ses dents.

Revenu à Marcilly dans sa famille, une saine alimentation n'empêche pas les souffrances permanentes, et le diagnostic d'un ulcère sévère de l'estomac est fait, consécutif aux mauvais traitements subis, comme ses camarades prisonniers, dans le camp de travail d 'Alten-Grabaw. Il est contraint d'entrer à l'Hôpital de Romilly sur Seine. C'est là qu'il décède le 6 mars 1943 des suites de son opération de l'estomac.

Un hommage solennel lui sera rendu par le Maire et de nombreux habitants du village lors de son inhumation à Marcilly le Hayer, dans le village de sa famille quelques jours plus tard.
Considéré comme la première victime de la guerre 1939-1945 au village, son nom est gravé sur une stèle au pied du Monument aux Morts de Marcilly le Hayer, Place de l'Eglise, auprès des anciens de la Première Guerre
" Morts pour la France".


© J-L. Bretet/ 28 Janvier 2019


Sur les camps de travail en Allemagne et le Stalag XI A :
>  Voir : http://ppognant.online.fr/cadalten.html


Sur le Centre des Prisonniers de Guerre de Bourges :
>  Voir : http://www.archives18.fr/arkotheque/






Lucien Prudent Aubert
vers 1928
au 12ème Régiment de Dragons



Centre Mobilisateur de Cavalerie en 1935
Lucien Aubert est à gauche au garde à vous
présentant armes




Lucien Aubert( à gauche)
et 3 de ses camarades prisonniers de guerre
au centre de détention allemand de Bourges
fin juin1940



Le Stalag XI-A
à Alten-Grabaw


Lucien Prudent Aubert
à son retour de captivité





Etat des services et mutations militaires
de Lucien Prudent Aubert
Archives Départementales de l'Aube


DOCUMENTS




Ci dessus et ci-contre
Manuscrit de l'hommage prononcé lors de l'inhumation de Lucien Prudent Aubert,
écrit et lu par Marcel Ory
, ami de la famille
et instituteur de Marcilly le Hayer
©  Coll.  J-L Bretet

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Marcel Ory en 1943
et quelques élèves.
Ecole communale de Marcilly le Hayer
Derrière lui Jeannine Léman

© J-L. Bretet/ 28 Janvier 2019




Marcilly le Hayer
Monument aux Morts
© Photo : J-L Bretet 11/10/2015



Marcilly le Hayer
Tombe de Lucien Prudent Aubert
© Photo : J-L Bretet 18/12/2018