ELEMENTS DE BIOGRAPHIE
Lucien Prudent Aubert est
le troisième enfant de Prudent Adelin Aubert, exerçant successivement les
métiers de domestique, puis cultivateur, charretier, propriétaire rentier,
et de son épouse Adonis Ernestine Guinand, bonnetière. Deux filles le
précèdent, ses soeurs Lucia Ernestine née en 1905 et Lucette Ernestine née
en 1906, l'une née comme lui à Villemoiron en Othe et la seconde à Aix en
Othe.
Toute la famille semble avoir habité d'abord à Villemoiron,
puis Aix en Othe au hameau de La Vove puis à St Mards en Othe au hameau de
Bel air, et enfin à Marcilly le Hayer au lieu dit de Putemusse, dans une
maison provenant d'un héritage du côté paternel. Prudent Adelin son père
décède brutalement le 16/01/1913, suite à une tuberculose aïgue. Ses
enfants, Lucia, Lucette et Lucien héritent lors de la succession de 300
francs or chacun, dont ils n'auront pu bénéficier qu'à leur majorité à l'âge
de 21 ans.
Leur mère Adonis se remarie quelques années plus tard en
1917 avec Paul Menneret, tenant une boutique de vente et réparation de
cycles dans le village, et bourrelier. Lucien Prudent apprend auprès de
son beau-père, lui aussi le métier de bourrelier, dès l'âge de14 ans, qui le
considère comme son fils. Il est recensé en 1926 à Marcilly le Hayer,
exerçant le métier de bourrelier, et ayant comme patron son beau-père Paul
Menneret, marié à sa mère Adonis Guinand.
Il pense reprendre la
boutique de celui-ci lorsqu'il est appelé pour son service militaire
sous matricule N° 187, le 10 mai 1928 dans le 12ème Régiment de Dragon, puis
ensuite au 29ème Régiment de Dragon, avant d'être libéré. Il est quelque
temps après ré-affecté au Centre Mobilisateur de Cavalerie N° 40 en mai
1931, puis de nouveau en 1934, au Centre de Cavalerie N° 6.
Il est
ensuite affecté au Centre Mobilisateur des Trains en
1938, puis rappelé au Centre des Trains N° 8 à Dijon le 3 septembre 1939, le
jour de la déclaration de guerre à l'Allemagne. Il est là mobilisé à la
16ème Compagnie Hippomobile QGDI (Génie et Infanterie) et part aux front des
armées le 09/09/1939. Il est capturé par les soldats allemands à Saverne
le 19/06/1940 et envoyé dans un centre de prisonniers à Bourges occupée par
les Allemands, ce durant plusieurs semaines. De cette prison du Bordiot,
ou de la Caserne Carnot où il est enfermé et avec le système de la relève
institué par le Gouvernement de Vichy, suite à l'armistice du 22/06/1940 signé
par Pétain dans la clairière de Rethondes avec
l'Allemagne, il est jeté dans un train à bestiaux et envoyé de force dans un camp de travail au Stalag XI-A d'Alten-Grabaw près
de Magdeburg en Saxe à 90 km de Berlin.
Il est enfermé là avec des
centaines d'autres prisonniers, dans des conditions extrêmes, pour le
travail obligatoire instauré par le régime nazi, au profit des armées du
Reich. Cet ancien camp de prisonniers de guerre de la 1ère Guerre
Mondiale était composé de dizaines de baraques en bois et béton qui
logeaient environ 200 personnes chacune, avec des lits superposés en bois et
des couvertures crasseuses, parfois avec des paillasses, deux ou trois
poêles à bois pour le chauffage et des latrines infectes. Les
prisonniers étaient regroupés par nationalité et étaient au nombre de 15000
environ, dans le camp encerclé de fils barbelés et de miradors, dans des conditions d'hygiène, d'alimentation, et de
chauffage désastreuses. Certains travaillent 12 à 14 heures par jour à l'arrachage des betteraves
dans les fermes, d'autres dans des usines voisines du camp sous la garde
permanente des soldats.
Dans le camp il y avait un hôpital appelé le
Lazaret. C'est probablement là que Lucien se retrouve soigné tant bien que
mal, de ses douleurs extrêmes à l'estomac qui lui sont apparues et de ses dents qui se déchaussent
en raison des pâtées et des soupes données aux prisonniers, en guise de
repas. Peut-être même a t'on mené quelques expériences médicales avec
l'alimentation, car de nombreux prisonniers souffrent des mêmes symptômes.
Mais dans les courriers qui partent aux familles, surtout il faut écrire que
la santé est bonne et que tout ne va pas si mal, car si la lettre est lue
par les gardes du camp, les risques de sanction peuvent être sévères.
Sa santé continue se dégrade tous les jours davantage et après presque un an et demi de
captivité, il est rapatrié vers la France le
23/09/1941 et est démobilisé deux jours plus tard par le Centre de
Démobilisation de Troyes, en raison de ses troubles gastriques sévères et la perte de ses dents.
Revenu à Marcilly dans sa famille, une saine alimentation n'empêche pas les souffrances permanentes, et le diagnostic d'un ulcère
sévère de l'estomac est fait, consécutif aux mauvais traitements subis, comme ses
camarades prisonniers, dans le camp de travail d 'Alten-Grabaw. Il est
contraint d'entrer à l'Hôpital de Romilly sur Seine. C'est là
qu'il décède le 6 mars 1943 des suites de son opération de l'estomac.
Un hommage solennel lui sera rendu par le Maire et de nombreux habitants
du village lors de son inhumation à Marcilly le Hayer, dans le village de sa
famille quelques jours plus tard. Considéré comme la première victime de la guerre 1939-1945 au
village, son nom est gravé sur une stèle au pied du Monument aux Morts de
Marcilly le Hayer, Place de l'Eglise, auprès des anciens de la Première
Guerre " Morts pour la France".
© J-L. Bretet/ 28 Janvier
2019
Sur les camps de travail en Allemagne et le
Stalag XI A : > Voir :
http://ppognant.online.fr/cadalten.html
Sur le Centre des Prisonniers de Guerre de Bourges :
> Voir :
http://www.archives18.fr/arkotheque/
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Lucien Prudent Aubert
vers 1928
au 12ème Régiment de Dragons

Centre Mobilisateur de Cavalerie en 1935
Lucien Aubert est à gauche au garde à vous
présentant armes

Lucien Aubert( à gauche) et 3 de ses camarades
prisonniers de guerre au centre de détention allemand de Bourges fin
juin1940

Le Stalag XI-A à Alten-Grabaw

Lucien Prudent Aubert
à son retour de captivité


Etat des services et mutations militaires
de Lucien Prudent Aubert
Archives Départementales de l'Aube
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