Les noms de famille au coeur de la recherche généalogique
Nom de famille : au
cœur de la recherche généalogique
D'où vient mon nom ?
La quête du généalogiste se
focalise tout naturellement, au début, sur la lignée patronymique, celle par
laquelle s'est transmis le nom de famille, constituant fondamental de
l'identité individuelle et familiale.
Quel nom de famille ?
Si la transmission du nom
de famille représente le fil rouge de la recherche généalogique, un conseil
anti-frustration s'impose d'emblée : il n'est pas rare, au cours de
recherches sur un patronyme, de recenser un grand nombre d'orthographes
distinctes. Le généalogiste averti devra, pratiquement dès la deuxième ou
troisième génération, s'affranchir du carcan de l'orthographe "fixe" et
penser "phonétiquement", afin de ne pas omettre lors de la consultation de
tables décennales ou alphabétiques de registres les Audebert, Haudebert,
Houdebert, qui peuvent tout-à-fait concerner des membres d'une même famille,
voire d'une même fratrie.
L'onomastique
Cette science étudie
l'histoire et l'étymologie des noms propres. Elle se divise en deux branches
: l'anthroponymie, consacrée aux noms de personnes (anthroponymes), et la
toponymie, consacrée aux noms de lieux (toponymes).
La formation des
noms de famille
De l'Antiquité au
Moyen Âge
Tranchant avec le système
du nom unique des civilisations précédentes, les romains portaient
l'équivalent de notre prénom, suivi du gentilice (nom du groupe familial ou
d'un ancêtre mythique) auxquels se joindra ultérieurement le cognomen (nom
de famille), d'où : "Caius Julius Caesar".
Un élément supplémentaire,
surnom lié aux hauts faits ou à une caractéristique remarquable d'un
individu s'y ajoutait parfois à l'âge adulte.
Ce système latin disparaît
sous la double influence des invasions germaniques et de l'essor du
christianisme.
Sur un plan religieux, les
nouveaux convertis reçoivent un nom de baptême unique censé avant tout
"briser les liens avec le passé".
Les Francs, fidèles au
système des noms germaniques, portaient un nom unique composé, en règle
générale, à partir de deux éléments, porteurs d'une certaine symbolique :
"Theud" (peuple) et "Bald" (audacieux) forment Theudbald, origine de
Thibaud, "Will" (volonté) et "Helm" (casque) forment Willehelm, futur
Guillaume. Une tendance "dynastique" marquée par la recombinaison
préférentielle, d'une génération à l'autre d'une même famille, de certains
éléments, permettra aux historiens futurs de travailler à la reconstitution
des "lignages" de cette période.
Reproduisant la mode qui
avait fait prendre aux Gaulois des noms romains, les Gallo-Romains
attribuent à leurs enfants des noms importés par les francs. Au IXème
siècle, dans la moitié nord de la France, la quasi-totalité des noms de
baptême sont germaniques.
Conséquence : porter un
patronyme d'origine germanique, ne fera pas de vous le descendant d'un roi
franc !
Les surnoms comme noms de
famille
Depuis le IIIème siècle,
chacun ne porte plus désormais qu'un seul nom : son nom de baptême.
Cependant, la langue germanique n'a pas le succès des noms germaniques, dont
la capacité d'évolution stagne ; la variété de noms diminue et l'église
favorise les noms de saints les plus prisés.
En raison d'une forte
poussée démographique, l'ajout d'un surnom va s'imposer à partir du Xème
siècle, afin de distinguer les nombreux homonymes d'un même village. A
l'instar des nobles qui ajoutaient à leur nom de baptême celui de leur fief,
ce surnom va progressivement devenir "nom de famille".
Attention : ce processus de
"fixation" ne s'est pas fait du jour au lendemain. Les documents qui nous
sont parvenus montrent bien qu'il n'était pas rare que le surnom attribué à
un même personnage varie et soit alternativement lié à son lieu d'origine, à
sa profession ou à une autre caractéristique, sans préjuger de celui qui
allait finalement s'affirmer comme "nom héréditaire".
En France et dans les pays
francophones d'Europe, la plupart des noms de famille sont apparus entre les
IXème et XIIème siècles, a priori fixés au XIIIème siècle, avec des nuances
selon les régions, à l'exemple de la Corse où ils ne se sont structurés
qu'au XVIème siècle, la phase de fixation durant jusqu'au XVIIIème siècle.
Les types de noms
de famille
Les patronymes peuvent se
regrouper en quatre grandes catégories, auxquelles s'ajoutent les matronymes
et quelques cas particuliers.
Les noms de baptême - Les
noms d'origine géographique - Les noms issus de métiers - Les noms issus de
sobriquets - Les matronymes - Cas particuliers
> Noms de baptême
Noms du chef de famille
d'origine, en France, comme dans la plupart des pays, ils constituent la
majeure partie des patronymes (Martin, Bernard, Thomas, etc.).
La construction était
simple, on passe d'une structure Charles fils de Bertrand à Charles
Bertrand, dont le fils et les descendants s'appelleront Hector Bertrand puis
Gilbert Bertrand, etc.
Dans la plupart des pays
d'Europe, les patronymes les plus fréquents sont des noms indiquant la
filiation d'un fils à son père, reconnaissables à travers l'utilisation de
certains préfixes ou suffixes signifiant "fils de".
Quelques exemples :
Robertson dans les pays
anglo-saxons, O'Neal en Irlande, Mac Angus ou Fitzgerald en Ecosse,
Fernandez en Espagne, Fernandes au Portugal, Ben Ali ou Ibn Saïd dans les
pays arabes, De Angelis, Di Marco ou Martini en Italie, Angelopoulos en
Grèce, Karlovic dans les Balkans, Ivanov, Ivanovitch en Russie, Davydenko en
Ukraine, Horowicz en Pologne, Andersen au Danemark... On notera la
spécificité islandaise d'utilisation du suffixe "döttir" signifiant "fille
de" à la base de nombreux noms de famille dont celui de l'ancienne
présidente Finnbogadottir.
On observera ici une
spécificité du centre de la France, en particulier dans le Berry et régions
limitrophes de la Creuse et de l'Allier, de patronymes formés avec la
persistance d'une référence d'appartenance "le fils à" "la fille à" et ce,
utilisé dans les différentes catégories (Ageorges, Amathieu, Alamartine,
mais aussi Alamamie, Aufrère, Alanièce, Augros, Aupetit, Auprince, etc.)
avec variations fréquentes dans les actes, avec ou sans reprise de la
première partie du patronyme.
Les plus fréquents sont les
noms germaniques (90 % des noms donnés aux IXème siècle). Certains sont
demeurés des prénoms (Bernard, Guillaume, Thibault, Louis, etc.), d'autres
ne subsistent plus que sous forme de patronymes (Aubert, Garnier, Roubaud,
Seguin, etc.).
Le succès des patronymes
d'origine biblique est inhérent à la popularité des saints (Thomas, Jean,
Mathieu, Pierre, David, Gabriel, etc.)
Les noms d'origine latine :
Antoine (Antonius), Hilaire (Hilarius), Honoré (Honoratus), ou grecque :
Georges (Geôrgos), André (Andreas), Christophe (Khristophoros), sont
également représentés.
On mentionnera enfin les
anciens noms de baptême bretons devenus noms de famille (Arthur, Malo, Yvon,
Tugdual, etc.)
Hypocoristiques
Les noms formés pouvaient
par la suite subir des variations, telles les formes Guillaumot, Guillaumin
découlant de Guillaume, ou encore par combinaison d'un adjectif : Grosjean,
Petitjeannot.... On parlera ici d'hypocoristiques.
Spécificités géographiques
Les évolutions
géographiques étaient diverses : les Willibald, Wilhelm, Walthari
germaniques ont subi une évolution plus modérée dans le nord de la France et
la Belgique, où l'on trouve les formes Wilbaut, Vuillaume, Willemin,
Wautier, devenues Guilbaud, Guillaume, Gaultier plus au sud.
> Noms d'origine
géographique
Les
"topo-patronymes" reflétent une origine "géographique".
On distinguera ici les noms
indiquant une région, une ville, un village ou hameau (Lallemand, Lombard,
Picard, Limousin, Marseille, de la Berthonière, etc.) - d'autant plus
intéressant pour le généalogiste que le lieu sera rare, voire unique - des
noms de simple "voisinage" désignant au sein d'une communauté villageoise le
lieu d'habitation de la famille (Delalande, Dujardin, Dupré, Dupuis, Dupont,
Duval, Rivière, etc.), de faible intérêt pour la recherche des origines
géographiques familiales.
Spécificité basque
La racine -etche,
signifiant maison, généralement accolée d'un qualificatif (grande, neuve,
haute, blanche...) a fourni les nombreux Etchegaray, Etchepare, Etcheberry,
Etcheverry, etc. ; il en va de même des racines -orube ou -jauregui (le
manoir), -behere ou -huri (le domaine).
Le rôle de la "maison
d'origine" est à ce point prééminent, qu' un homme qui reprenait la ferme de
ses beaux-parents pouvait ajouter à son nom propre, voire prendre
exclusivement le nom de ses beaux-parents et donc celui de la "maison",
transmis ensuite à ses enfants. Cette tradition a perduré jusqu'au XIXème
siècle.
Conseils aux généalogistes
L'orthographe d'un lieu-dit
étant soumise à variations permanentes (du Coudray, Coudray, Ducoudray), ne
pas tomber dans le piège tendu de la pseudo particule qui vous ferait
supposer une origine noble !
De même, Romain, étant issu
d'un nom de baptême, vos ancêtres ne seront pas à rechercher dans la ville
éternelle. Quant à vos ancêtres Gallois, ils vous mèneront en droite ligne à
l'ancien français "Galois" qui signifiait gai et jovial. Debeauvais
qualifiera probablement une famille originaire d'un lieu-dit "Beauvais" de
votre zone de recherche. Pour finir, certaines familles juives ont adopté en
1808 un nom de ville sans que cela ait un quelconque rapport avec leur
origine géographique (Lyon, Caen, Besançon, etc.).
> Noms issus de
métiers
Ils témoignent du métier du
premier porteur du patronyme (Charbonnier, Meunier, Boulanger, Rateau,
Lepic, etc.). Leur fréquence rappellera l'importance de nombreux métiers et
outils, aujourd'hui disparus, au sein des communautés villageoises d'antan.
C'est la catégorie par
excellence permettant de dater la fixation du caratère héréditaire d'un
patronyme. Un Jean Pottier, chapelier ou forgeron, porte à l'évidence, non
plus un surnom individuel lié à sa profession, mais bien un "patronyme",
surnom d'un ancêtre transmis désormais de manière héréditaire. L'étude de ce
type de surnoms fixe les débuts de leur transmission héréditaire, en France,
aux XIIème et XIIIème siècles.
Ce type de noms se prête
également à des comparaisons par pays, mais aussi par régions, où ils
prenaient la forme usitée dans le patois local. C'est le forgeron, autrefois
personnage éminent de la communauté, qui a donné naissance au plus grand
nombre de noms de famille distincts (Lefebvre, le Goff, Maréchal, Smith,
Schmidt, Kovac, Herrero, Fabri, etc.)
Attention : ne pas négliger
l'hypothèse selon laquelle un nom de métier peut également avoir été
attribué, non en raison d'une profession réellement exercée, mais du
caractère de la personne [qui n'a pas entendu un proche lui parler d'un
"vrai boucher" pour qualifier en réalité son dentiste ou un chirurgien ?].
> Noms issus de
sobriquets
Certains reflètent une
particularité physique de l'ancêtre initial (Petit, Legrand, Leroux,
Leblond, Legros, leborgne, etc.). Petit, le plus fréquent de cette
catégorie, occupe actuellement le 3ème rang des patronymes les plus répandus
en France. Le doute peut subsister quant à savoir s'ils reflètent à
l'origine toujours une particularité réelle, ou ont été au contraire
attribués par raillerie (Lepetit à quelqu'un de grande taille par exemple).
D'autres évoquent qualités
et défauts aux yeux des proches qui l'attribuent (Gentil, Lebon, Hardy,
Lesage, Leguay, etc.) ; les Leduc ou Lecomte, prenaient peut-être des
allures de seigneurs ; on trouvait les "bons" et les "mauvais" : à côté des
Bonfils et Bonjean, certains patronymes s'avèrent logiquement moins
flatteurs (Maugendre, Mauchien, Mauchaussé...) [on notera par exemple une
sentence du XVème siècle rendue au siège royal d'Issoudun (Indre) contre
jean Guillebault dit "maumysert", pour forcer celui ci à payer une rente
qu'il devait sur une pièce de terre ; surnom bien adapté, puisqu'en vieux
français "Malmesert, Maumissert, Maumysert" était "celui qui mal me sert" un
nom donné à de mauvais domestiques ]].
D'autres enfin soulignent
un lien de parenté particulier (Cousin, Neveu, Gendre, Laîné, Lejeune...).
Laîné et Lejeune reflètent le rang de naissance dans la fratrie, Besson
qualifiait un "jumeau".
Nos ancêtres ont souvent
usé de la métaphore animale pour traduire, au gré de l'imaginaire de
l'époque, les particularités et petits travers de leurs voisins (Leloup,
Goupil ou Renard, Lecocq, Lechien, Lelièvre, etc.). On se gardera là aussi
de projeter une interprétation par trop contemporaine de ces patronymes.
De même, attention aux
interprétations erronées : la signification d'un nom formé il y a près de
mille ans, n'est peut-être pas la même aujourd'hui ! Le Filoux, comme
Filloux, est d'origine germanique (Fil - Wulf) ; le Payen était lui un
paysan fraîchement débarqué en ville et non un réfractaire à la religion. A
l'inverse, un Crétin ne sera qu'un parfait "Chrétien", converti en patois
local !
> Matronymes
Un certain nombre de noms
ont été formés en référence à une femme : Marie, Catherinot, Larousse,
Labrune, Lanièce, Lamamie Lapetite, Labergère, etc., possible référence à
une femme veuve, ou mère célibataire.
On notera l'habitude,
attestée par les registres dans certaines régions, de féminiser le patronyme
des femmes ou filles (Bergère au lieu de Berger, Boudelle au lieu de
Boudeau, etc.)
> Cas particuliers
Créations plus récentes
Les noms de certaines
familles nobles
Les noms "doubles" de
certaines familles bourgeoises
Certaines familles
bourgeoises ayant réussi ne résistaient pas à l'envie de se distinguer du
menu peuple. La création de noms "doubles" permettait d'afficher cette
différence. Ces noms pouvaient être créés par l'adjonction du nom d'une
propriété terrienne, voire en pérennisant une alliance par la conservation
des deux noms accolés.
Aux "mariages de raison"
faisaient écho les "adoptions de raison". L'émergence de noms doubles
résultant alors de l'adoption d'un neveu ou petit-neveu, permettant
ultérieurement, en l'absence d'héritiers directs, de réduire notablement les
frais de succession.
On évoquera également le
choix de certaines familles de se distinguer par la référence à un "ancêtre
de marque" en adoptant son identité complète comme nom de famille ; d'où les
Pierre-Brossolette et autres François-Poncet.
Les noms "doubles" de
certaines régions de montagne
Phénomène connu ailleurs,
mais particulièrement présent dans certaines régions de montagne, où forte
endogamie et faible mobilité des habitants ont nécessité l'ajout d'un
nouveau surnom pour distinguer les branches des nombreuses familles
homonymes (Servoz-Gavin, Rossat-Mignod, etc.).
Créations sous
influence de la législation
Les noms des Antilles et
de Guyane
Les esclaves, rebaptisés à
leur arrivée, ne portaient qu'un prénom, complété par un surnom en cas
d'homonymie. En 1836, une ordonnance de Louis-Philippe impose
l'enregistrement d'un prénom et d'un nom pour tout affranchi.
Le 27 avril 1848, le vote
du décret sur l'abolition de l'esclavage est à l'origine d'une attribution
systématique de noms de famille.
La plupart adoptent alors
leur surnom comme nom patronymique (Louis, Guillaume, Laurent,
Jean-Baptiste, Joseph, Césaire, Arsène, etc.). La mère étant souvent la
seule ascendance connue, de nombreux patronymes seront de forme féminine. En
Martinique, émergent quantité de noms composés (Sainte-Rose, Jean-Joseph,
Jean-Baptiste, etc.). On notera sans les citer de nombreux diminutifs et
sobriquets, voire anagrammes (Nomis, Divad, etc.).
Pour les esclaves n'ayant
pas de surnom, libre cours est donné à la fantaisie, voire à l'arbitraire
des officiers d'état civil, qui ont puisé dans les domaines les plus divers
(mythologie, Bible, histoire de France, littérature, géographie, règne
animal, végétal ou minéral).
En Guyane, un système plus
étalé dans le temps est à l'origine de la création de nouveaux noms
permettant l'enregistrement des indiens et autres populations locales. C'est
majoritairement le prénom du père qui a fait office de nom de famille.
Les noms des familles
juives
Jusqu'à la Révolution, les
familles juives n'avaient pas nécessairement de patronyme fixe. C'est un
décret impérial de 1808 qui les oblige à choisir un nom de famille fixe,
transmis à leur descendance. Il était par ailleurs possible de déclarer un
nom différent de celui éventuellement porté auparavant. La plupart des noms
choisis feront référence à des personnages de la Bible, aux douze tribus
d'Israël ou aux villes de résidence des familles.
Remarque : nombre de ces
patronymes pouvant être portés par des familles non juives, parler de "noms
juifs" ne correspond à aucune réalité.
Les noms des enfants
trouvés
L'attribution d'un nom
rendue nécessaire par la création de l'état civil en 1792, libre cours est
là aussi laissé aux officiers de l'enregistrement : noms patriotiques, noms
issus de dictionnaires, témoignant souvent des conditions de leur découverte
(Trouvé, Février, Corbeille, etc.), une fille trouvée au mois de juin âgée
d'environ un mois, donc née en Mai "mois de Marie" sera ainsi nommée Marie
Juin !
Les patronymes issus de
changements de nom
On mentionnera simplement
la loi du 11 germinal an XI, selon laquelle une demande "motivée" pouvait
être adressée au gouvernement !
Les patronymes créés par
francisation
Indépendamment d'une
quelconque législation, c'est l'usage qui entraîne en Europe de l'Ouest,
vers le XIIème siècle, l'apparition de surnoms, devenus nos futurs noms de
famille.
Les noms comme outils de
recherche
Les patronymes permettront
aux généalogistes d'ouvrir des pistes de recherche intéressantes.
Diversité régionale
Entre le latin devenu
langue des érudits et le français qui n'était pas encore langue officielle,
la diversité linguistique (breton, basque, catalan, occitan, langues
germaniques, etc.) a présidé au développement d'innombrables variantes
régionales d'un même surnom.
Pour le généalogiste, les
noms de famille peuvent ainsi devenir de précieux indices : formés dans des
dialectes locaux, ils peuvent permettre de cerner le berceau géographique
d'origine de la famille. On pourra par exemple faire appel à une carte de
répartition des porteurs actuels du patronyme.
Variantes
orthographiques
L'orthographe des
patronymes s'est figée très tardivement, vers 1877 en France avec
l'apparition du livret de famille. On s'assurera donc toujours d'avoir bien
déterminé la forme ancienne d'un nom avant d'en rechercher la signification
! Une personne venue d'ailleurs pouvait voir l'orthographe de son patronyme
évoluer pour prendre la forme d'un patronyme, lui bien implanté dans le
village d'installation, voire être complètement modifiée par assimilation
phonétique au dialecte local.
Initiales, préfixes
et suffixes
Certaines initiales rares
trahissent une origine régionale spécifique: U la Bretagne ou le Pays
Basque, K [à l'exception du Ker breton], W et Z, les régions et pays de
langue germanique.
Certaines prononciations
locales ont transformé les mots : les ch- transformés en Normandie-Picardie
en c- ou qu- (Caron au lieu de Charon, Carpentier au lieu de Charpentier)
Les principaux préfixes
permettant de localiser l'origine d'un nom sont : Ab- (breton), Casa-
(catalan), Caza- ou Caze- (occitan), Etche- (basque), Ker- (breton), Le
(article précédant le nom, généralisé en Bretagne), Le- (moitié nord de la
France, wallon), Ser- (belge), Van (flamand), Ver- (belge).
Les principaux suffixes
permettant de localiser l'origine d'un nom sont : -ac (Limousin, Auvergne,
Gironde), -aert (Nord), -az (Savoie) -behere (basque), -eau (ouest,
centre-ouest de la France), -eeuw (entre nord de la France et frontière
flamande), -ec (Bretagne), -echon (Picardie), -ena (basque), -enc (Midi),
-eta (basque), -ez (Picardie, Nord-Pas-de-Calais), -goyen (basque) -i
(Corse, Italie), -ic (Bretagne), -ing (Alsace), -lein (Alsace), -li (Suisse
alémanique), -od (Franche-Comté), -ouf (Cotentin), -oz (Savoie, Suisse
romande), -uc (Gascogne), -tegui (basque), etc.
Frontières
linguistiques
On rencontrera ces
particularités lorsqu'une famille est implantée sur une "frontière"
linguistique. En Alsace et en Lorraine, un même individu pouvait être
Marchand, Petit, Leblanc ou respectivement Kaufmann, Klein ou Weiss dans
leurs traductions allemandes. De même en Belgique où pouvaient se rencontrer
les versions Flamande et Wallonne d'un même patronyme !
Autres difficultés
linguistiques
Il est possible que la même
orthographie d'un patronyme renvoie néanmoins à des origines complètement
différentes : le patronyme Bach présent dans l'est de la France y dérive
alors du vieil allemand baki (ruisseau) et caractérisait à priori une
famille vivant près d'un cours d'eau ; pour un Bach ou Bache catalan, la
référence est le terme occitan baïsha (prononciation entre "bache" et
"bacho"), signifiant "bas-fond" ou "fond de vallée", qui traduira la
localisation d'une famille "dans une vallée". Ceci étant, rien ne prouve à
priori qu'une famille de ce nom implantée à Perpignan n'était pas venue
d'Alsace 3 ou 4 générations plus tôt !
Le fil rouge législatif
Le cadre juridique du nom
de famille se base essentiellement sur la coutume mais certaines
dispositions légales sont venues le compléter.
XVème siècle
Louis XI décrète, en
1474, l'interdiction de changer de nom sans autorisation royale.
En parallèle, les prêtres
commencent à enregistrer les baptêmes, mariages et sépultures.
XVIème siècle
En 1539, l'Édit de
Villers-Cotterêts de François Ier rend la tenue de registres paroissiaux en
français obligatoire pour les baptêmes. Le but étant à l'époque de permettre
aux postulants à une charge ecclésiastique de justifier de leur âge et
majorité.
XVIIIème siècle
Le 20 septembre 1792, un
décret de l'Assemblée législative crée un état civil laïc. Outre le
transfert de la tenue des registres des églises aux mairies, ce système
permettra, de fait, l'enregistrement des actes concernant les familles
juives et protestantes.
XIXème siècle
Des évolutions entraînent
la fixation de certains types de noms de famille
Napoléon étend en 1808,
par décret, le système de fixation du patronyme aux familles juives. C'est
lui qui imposa à cette époque, parallèlement à ses conquêtes, le Code civil
et l'état civil "à la française" à la plupart des pays d'Europe. Un grand
changement, en particulier pour ceux du nord de l'Europe, où la fixation du
patronyme par transmission héréditaire n'était pas encore systématisée,
surtout dans les campagnes.
La loi du 11 germinal an XI
autorisait cependant le changement de nom pour les personnes "qui en
auraient quelques raisons".
Décret du 27 avril 1848,
sur l'abolition de l'esclavage dans les Antilles françaises.
Le livret de
famille
Créé le 18 Mars 1877, il
contribue largement à la fixation orthographique des noms de famille,
puisqu'il accompagne désormais la rédaction des actes successifs d'état
civil de la famille.
Selon l'article de J.M.G.
sur
http://www.heredis.com/genealogie
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