Les Forces Navales Françaises Libres ( FNFL ) Juillet 1940 - Août 1943

 

Dessin et montage MINDEF/SGA/DMPA

Dessin et montage MINDEF/SGA/DMPA

I - 1940 : premiers ralliements et premières difficultés


Dès juin 1940, des marins se rallient à la France libre.
Au lendemain de la demande d'armistice, le 17 juin 1940, la situation de la marine française est tout à fait particulière. La flotte française est sortie pratiquement indemne des combats de 1940, auxquels elle a activement participé, notamment lors de la campagne de Norvège et de l'évacuation de Dunkerque. Stationnés dans les ports anglais ou coloniaux, les marins ont la possibilité de se tenir hors de portée de l'occupant allemand et de rejoindre facilement les Forces Françaises Libres (FFL), alors en cours de formation par le Général de Gaulle qui a rejoint l'Angleterre pour continuer le combat contre l'Allemagne nazie.

Après l'Appel du 18 juin 1940, lancé de Londres par le Général de Gaulle, l'hypothèse d'un assez large ralliement de la marine française paraît plausible, même si les velléités butent parfois sur le sens exacerbé de la discipline et la fidélité des marins à l'Amiral Darlan.

Avant la fin du mois de juin 1940, trois bâtiments de guerre rejoignent l'Angleterre, les sous-marins Narval et Rubis et le patrouilleur Président Houduce, ainsi que
l'Amiral Muselier et de nombreux navires de pêche et de commerce conduits par leurs équipages et surchargés de volontaires.

Pavillon du Rubis

Pavillon du Rubis.
Source : équipage du Rubis

Naissance des FNFL
Le ralliement des marins français à la France libre est très largement freiné par les actions menées par les Britanniques en vue d'empêcher l'ennemi allemand de s'emparer de la flotte française : le bombardement de la flotte française à Mers el-Kebir (Algérie), le 3 juillet, et l'attaque du cuirassé Richelieu à Dakar, le 23 septembre ; la saisie des navires français mouillés en Grande-Bretagne et l'internement de leurs équipages lors de l'opération "Catapult".

Tandis que de nombreux marins présents sur le sol anglais demandent alors à être rapatriés, les ralliements issus de l'Empire sont rares même si certains méritent d'être signalés, tel celui du lieutenant de vaisseau d'Estienne d'Orves, aide de camp de l'amiral Godfroy qui commande la force "X" à Alexandrie, et de quelques jeunes Français qui prennent également tous les risques pour rejoindre l'Angleterre, passant parfois par l'Espagne.

Le 1er juillet 1940, le Général de Gaulle confie à l'Amiral Muselier la tâche ardue de créer et de rendre opérationnelles les Forces Navales Françaises Libres.

Assisté par le Commandant Thierry d'Argenlieu, l'Amiral Muselier forme un état-major restreint, qu'il installe à Westminster-House. Tout est à faire... Il faut vaincre les réticences britanniques. Les navires français présents en Angleterre sont souvent vétustes ; il faut les réparer et les armer, sachant que les arsenaux de Grande-Bretagne ne sont pas toujours conçus pour recevoir des bateaux français.

Pour former les équipages, une École navale est créée à Portsmouth, sur le Courbet, puis sur le Président Théodore Tissier et ses deux annexes l'Étoile et la Belle Poule. Si les Britanniques ouvrent difficilement leurs écoles militaires aux marins français, ils intègrent en revanche sans difficulté nos navires marchands dans leur système de défense.

Le cuirassé Courbet au mouillage à Portsmouth

Le cuirassé Courbet au mouillage à Portsmouth
 Source : ECPAD France

Le général de Gaulle et l'amiral Muselier sur le pont du Président Théodore Tissier

Le Général de Gaulle et l'Amiral Muselier
 sur le pont du Président Théodore Tissier.
Source : ECPAD France

À force de persévérance, l'Amiral Muselier parvient à créer un outil de combat soudé et efficace, les FNFL, dont le principal signe de reconnaissance est la Croix de Lorraine arborée sur le pavillon de beaupré (pavillon additionnel principalement réservé aux navires de guerre, porté à la proue).

De juillet à décembre 1940, les effectifs des Forces Navales Françaises Libres, tant en hommes qu'en matériel, augmentent régulièrement :

  • les combattants sont 3 200 en fin d'année alors qu'ils n'étaient que 400 début juillet, dont seulement une dizaine d'officiers ;

  • une douzaine de bâtiments sont réarmés : le cuirassé Courbet, les avisos Savorgnan-de-Brazza, Commandant-Duboc et Commandant-Dominé, les contre-torpilleurs Triomphant et Léopard, le torpilleur Melpomène, les sous-marins Rubis, Narval, puis Surcouf, Junon et Minerve.

  • Le contre-torpilleur Triomphant

    Le contre-torpilleur Triomphant.
    Source : MINDEF/SGA/DMPA

    Défilé des marins français au centre Royal Arthur à Skageness en Écosse

    Défilé des marins français au centre Royal Arthur
     à Skageness en Écosse.
    Source : Source : ECPAD France

    Matelots FNFL tahitiens

    Matelots FNFL tahitiens. Source : Source : ECPAD France

    Les premiers engagements
    Dès l'automne 1940 et tout au long de la guerre, les FNFL interviennent aux côtés des Alliés sur de nombreux théâtres d'opérations : dans la Manche, sur l'Atlantique, où elles participent à la bataille du même nom qui a pour objectif de protéger les voies de ravitaillement britanniques, en Méditerranée, dans l'océan Indien et dans le Pacifique.

    A la fin de l'année 1940, une partie de l'Empire français s'est déjà rallié spontanément à la France libre : Tahiti, les Établissements français de l'Inde ou encore la Nouvelle-Calédonie.

    Pour rallier d'autres territoires de l'Empire, les FNFL s'associent aux troupes terrestres :

    - avec leurs modestes moyens (un aviso colonial, deux avisos, un patrouilleur et trois cargos sur lesquels embarquent les troupes dont le 1er bataillon de Fusiliers marins), les FNFL participent à l'opération "Menace" (23, 24 et 25 septembre) menée à Dakar pour obtenir le ralliement de l'Afrique occidentale française, qui est un échec ;

    - les FNFL sont également engagées lors des opérations de ralliement du Gabon, assurant le blocus des côtes afin d'empêcher Dakar de ravitailler celui-ci. Le 9 novembre 1940, deux navires français s'affrontent, le Bougainville fidèle à Vichy et le Savorgnan-de-Brazza rallié à la France Libre, dans un combat dont le bâtiment des Forces Navales Françaises Libres sort vainqueur. Ces luttes fratricides se terminent par la chute de Libreville et de Port-Gentil, qui conduit au ralliement du Gabon à la France Libre.

    Dans les années qui suivent, les FNFL, commandées par l'Amiral Muselier puis par l'Amiral Auboyneau, poursuivent la lutte, jusqu'à la victoire finale, sous le sigle FNGB (Forces Navales de Grande-Bretagne) après la délicate fusion d'août 1943 avec les Forces Maritimes d'Afrique.

    II - Dossier complémentaire

    Les fusiliers marins
    Le 17 juillet 1940, le 1er Bataillon de Fusiliers Marins est créé à l'initiative de l'Amiral Muselier. Son commandement est confié au Lieutenant de Vaisseau Détroyat.
    À l'issue de son entraînement à Aldershot, le bataillon embarque pour participer à l'attaque sur Dakar en septembre 1940. Le 1er BFM rejoint ensuite l'AEF où il participe à la mise en défense des côtes et à la prise de contrôle du Gabon.
    En juin 1941, le 1er BFM est jumelé au bataillon d'infanterie de marine de Chypre et participe aux opérations de Syrie. À la mort de son chef, en juin 1941, le 1er BFM est menacé de dissolution mais son nouveau commandant, le Lieutenant de Vaisseau Amyot d'Inville, parvient à s'y opposer.
    Transformé en unité de DCA et rattaché à la 1re Brigade Française Libre, le 1er BFM participe aux opérations de Libye et de Tunisie (1942 - 1943). En mai-juin 1942, il se distingue au cours des combats de Bir Hakeim.
    Après s'être reformé et réarmé à Beyrouth, il repart pour la Libye et suit la progression des Alliés à la poursuite des troupes italo-allemandes en retraite vers la Tunisie.

    Forces françaises libres se battant en Libye

    Forces françaises libres se battant en Libye.
     Source : Association des Forces Navales Françaises Libres

    Fusiliers marins en campagne dans les Vosges (1944)

    Fusiliers marins en campagne dans les Vosges
    (1944). Source : ECPAD France

    Devenu 1er Régiment de Fusiliers Marins, il est incorporé à la 1re Division Motorisée d'Infanterie, qui n'est autre que la 1re Division Française Libre (DFL), et prend part à la campagne d'Italie puis à la campagne de France (Toulon, Vosges, Alsace) et termine la guerre dans les Alpes. Le 1er Régiment de Fusiliers Marins est dissout à la fin des hostilités.

    Source : Collection "Mémoire et citoyenneté", N° 4, Publication Ministère de la défense/SGA/DMPA.


    Pierre Marie Joseph Turbé vers 1944
    Pierre Marie Joseph Turbé
    vers 1944
    Ile d'Yeu


    Parmi les troupes des Forces Navales Françaises Libres ( FNFL) Pierre Marie Joseph Turbé,
    après s'être porté des volontaires au mouvement de la France Libre du Général de Gaulle est engagé dans le 1er Régiment de Fusiliers Marins .

    En Lybie, il participe à la Bataille Bir Hakheim où il est blessé fin-mai ou début juin 1942. Il  prend part  ensuite aux batailles de la campagne d'Egypte, puis à la campagne d'Italie, à Naples en avril 1944.

    Il participe à l'Opération "Anvil Dragoon" lors au Débarquement d'Août 1944 en Provence. Il est tué près d' Hyères lors d'un assaut le 22 août 1944.


    Inhumé au Pradet, près de Hyères, son corps est ramené à l'Ile d'Yeu en 1948.

    Jean-Loup Bretet