Le
Saint-Philibert est un petit bateau de croisière à vapeur qui naviguait dès
la belle saison dans l’embouchure de la Loire et près de la côte. Construit
en 1923 par les chantiers Dubigeon pour la Compagnie Nantaise de Navigation,
ce petit vapeur de 32 mètres était affrété pour des journées de promenade et
de loisirs entre Nantes et l'île de Noirmoutier.
Parti le
matin même de Nantes, le Saint-Philibert appareilla, pour le retour, vers 17
heures laissant sur l'île une vingtaine de personnes inquiètes des
conditions météo. Le naufrage eut lieu dans une mer soudainement déchaînée,
à la sortie de la baie de Bourgneuf, près de la bouée des chateliers. Pas
loin de 500 personnes, essentiellement des ouvriers et leurs familles,
périrent. Il n'y eut que huit hommes rescapés.
Ce 14 juin 1931, près de 500 personnes, essentiellement
des ouvriers nantais et leur famille, embarquent dans le port de Nantes ;
467 passagers sont contrôlés. Des enfants accompagnent leurs parents, mais
ne sont pas comptés. Le navire a été affrété par la société des loisirs de
l'Union des coopérateurs de Loire-Inférieure. Sept hommes d'équipage,
encadrés par le capitaine Ollive, doivent veiller au bon déroulement de la
traversée. L’aller se passe normalement et le Saint-Philibert accoste à
l’Herbaudière, sur l'île de Noirmoutier.
Lorsque
le bateau doit appareiller pour le retour, vers 17 heures, les conditions
météo se sont dégradées dans le courant de l’après-midi. Une vingtaine de
personnes inquiètes des conditions météo décident de rester à Noirmoutier.
Le Saint-Philibert s’engage dans
une forte houle et trouve une mer déchaînée à la sortie de la Baie de
Bourgneuf près de la bouée des Chateliers. La tempête, d’une force
imprévisible, rend la navigation très difficile. Le vapeur n’est pas rôdé
pour le gros temps. En outre, il a à son bord le double de la charge prévue.
Les passagers se portent à tribord, ce qui fait dangereusement gîter ce
bateau à fond plat.
Une
vague, plus forte que les autres, fait chavirer le vapeur. Touché par la
lame, il se retourne et sombre presque immédiatement au large de la pointe
Saint-Gildas. Ce naufrage n'aura épargné que 8 survivants. Un monument
citant les noms des victimes est érigé au cimetière Saint-Jacques à Nantes.
Alimenté
par une polémique virulente, un procès eut lieu en 1933. Parodie de justice,
les familles des victimes furent déboutées et les armateurs affranchis de
toute responsabilité dans ce naufrage. Il y eut également le poids d'une
religiosité où certains ne manquèrent pas de souligner, parlant alors de
châtiment divin, que si les ouvriers nantais et leurs familles avaient
participé en bons catholiques aux processions de la fête-Dieu, ce 14 juin,
ils n'auraient pas péri.
Le
Saint-Philibert est renfloué deux mois après la catastrophe.
Transformé en navire de
charge, il naviquera jusqu'en 1979 sous d'autres noms dont celui de Saint
Efflam.
Ce drame de
l'histoire maritime est probablement dû à différents facteurs :
> très mauvaises conditions de navigation avec le
déchaînement d'une tempête d'une force imprévisible,
> surcharge en passagers,
> probable négligence de l'équipage
puisque les victimes ne portaient pas de gilets de sauvetage et qu'une toile
de protection pour les passagers a joué le rôle de voile.
Jean-Loup
Bretet, le 18/03/2014
|