Lettre de M. Bretet du 20 août 1792, Lieutenant d’Artillerie, relatant l’émigration de La Fayette.

Cf. Table Chronologique des Affaires Parlementaires – Tome XLVIII  - 25 Août 1792

Lecture à l’Assemblée Nationale Législative de la lettre de M. Bretet, Lieutenant d’Artillerie, dans laquelle cet officier donne des détails sur l’émigration de La Fayette.

 - Un membre donne lecture d’une lettre de M. Bretet, lieutenant d’artillerie du 3ème Régiment de Paris, datée du Camp de Vaux le 20 août 1792. 

Elle porte qu’au moment de la désertion de La Fayette un grand nombre de hulans l’attendaient et qu’en fuyant, il prétextait d’aller à la découverte. L’artillerie à cheval n’est pas heureusement tombée dans le piége.

La lettre ajoute que La Fayette a passé de l’autre côté du Rhin le 20 août 1792 à 5 heures du matin, avec Falincourt Général de l’armée, plusieurs autres commandants, ainsi que beaucoup de hussards de deux régiments différents, dont un officier voyant La Fayette se jeter au milieu des hulans, est venu parmi nous, après avoir échappé à plus de 40 coups de fusils et de carabines.

Par post-scriptum, la lettre dit « j’oubliais de vous dire que ces b... là emportaient le trésor de l’armée que nous avons rattrapé. L’armée n’avait plus de vivres que pour deux jours ; mais on a prit de promptes mesures pour approvisionner les hommes et les chevaux » - M. Bretet, Lieutenant d’Artillerie






Gilbert du Motier Marquis de La Fayette en 1791

Gilbert du Motier
Marquis de La Fayette
dans son uniforme de Lieutenant-Général en 1791
peint par Joseph-Désiré Court  (1834)


Gilbert du Motier Marquis de La Fayette
Gilbert du Motier
Marquis de La Fayette
(1757- 1934)


Officier d'Artillerie en 1792
Officier d'Artillerie en 1792




Gilbert du Motier Marquis de La Fayette en 1790
Gilbert du Motier
Marquis de La Fayette
(1757- 1934)
peint par Philibert Debucourt (1790).



Gilbert Motier, Marquis de La Fayette, naquit le 06 septembre 1757, au Château de Chavagnac en Auvergne d'une noble et ancienne famille, qui avait produit, au XVe siècle, Gilbert Motier de la Fayette, mort maréchal de France en 1464, après avoir battu les Anglais à Baugé en 1421. 
Plein d'enthousiasme pour la liberté, il partit en 1777, comme volontaire, contre les colonies anglaises d'Amérique du Nord et se lia avec Washington. Il fut nommé Major Général dans l'armée américaine, et fut blessé à la première bataille à laquelle il prit part.

Après s'être signalé par sa bravoure dans la campagne de 1778, il fut à son retour en France en 1779, favorablement accueilli de l'opinion publique, qui s'était prononcée pour la cause américaine.
Il retourna en Amérique en 1780, et comme Général, en 1781, participa aux succès militaires qui assurèrent l'indépendance des Etats-Unis.
En 1784 il fit un troisième voyage en Amérique, où il fut reçu comme un libérateur. 

 Revenu en France, La Fayette devint député aux Etats Généraux, qui se transformèrent bientôt en Assemblée Constituante, et présenta un projet de Déclaration des Droits de l'Homme, texte qui servit de base ensuite à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.

Après la prise de la Bastille à laquelle il avait applaudi, il fut nommé Commandant de la Garde Nationale en juillet 1789. Il fit adopter la cocarde tricolore, en disant qu'elle ferait le tour du monde.

Les journées des 5 et 6 octobre 1789, dont il fut impuissant à réprimer les sanglants désordres, à la tête de la milice citoyenne, et la journée du 17 juillet 1791, où il proclama la loi martiale, auraient dû le prévenir des difficultés de fonder la république en France. Mais il avait rapporté d'Amérique des idées généreuses, auxquelles il demeura fidèle toute sa vie. 

La Fayette commandait en 1792 une des armées destinées à repousser l'invasion étrangère, lorsque des troubles dus aux Jacobins éclatent à Paris le 10 août. Son successeur à la tête de la Garde Nationale est assassiné et lui-même est destitué. Il refuse de reconnaître ce nouveau gouvernement. 
Il est alors déclaré traître à la nation  le 19 août 1792.  Alors qu’il est à Sedan avec des troupes qui lui paraissent en grave infériorité face à l’ennemi, il veut assurer le salut de ses soldats et avec plusieurs officiers,  il se résout de passer à l'étranger, en pays neutre à Liège.
Il est reconnu est arrêté par les Autrichiens, et est retenu prisonnier en Prusse  dans différentes forteresses, tandis que la Terreur s’installe en France.

Bonaparte lui permet de retrouver la liberté par le traité de Campo-Formio en septembre 1797.
II se retire alors en Hollande, puis rentre en France après le 18 brumaire.
Il vote contre le consulat à vie et contre l'empire, et ne reparaît sur la scène politique qu'en 1815, où il siégea à la Chambre des Représentants. 

Membre de la Chambre des députés de 1815 à 1824, et de 1827 à 1830, il devient l’un des plus actifs partisans de la révolution sous laquelle le trône de Charles X succombe en 1830.
Nommé alors Commandant en chef de la Garde Nationale, il favorise alors l'établissement de la royauté de Louis-Philippe, qu'il proclame comme étant " la meilleure des républiques".

La marche imprimée au gouvernement par Casimir Périer dans le sens de l'ordre lui paraît alors contraire à ses principes, et il reprend, à la Chambre des Députés, sa place dans l'opposition, où il demeurera jusqu'à sa mort, le 20 mai 1834.


Jean-Loup Bretet