Ile
d'Yeu : les sobriquets d'autrefois
Ile d'Yeu
Au puits du Gât Prompt
"L'usage
des surnoms, à l'Ile d'Yeu, bien plus qu'une simple coutume
traditionnelle, relève d'une nécessité absolue découlant du peu de
variété des noms de famille. C'est
merveille de voir comment certaines souches patriarcales se sont
multipliées comme sous l'invitation biblique. Qui pourrait recenser les
Taraud, les Turbé, les Bernard, les Viaud, les Cadou et tant d'autres,
dans leurs branches insulaires ou expatriées ?
Il convenait donc d'inventer des surnoms et il y a belle lurette qu'on y
a pensé à l'Ile d'Yeu comme ailleurs et dans toutes les îles en
particulier. Ce besoin était jadis d'autant plus accusé que la
population était sédentaire, plus sédentaire que de nos jours. Une jeune
ogienne n'avait guère la possibilité de trouver mari ailleurs que dans
le cercle restreint des jeunes marins, cultivateurs, meuniers ou
artisans de l'île. Et il ne semble pas non plus que les navigateurs
aient été souvent enclins à fonder un foyer dans les ports du continent
qu'ils fréquentaient : fidèles à leur île, ils revenaient y épouser leur
"payse" ! Les familles homonymes abondaient dont et, ce qui aggravait
encore les confusions, les prénoms étaient souvent identiques.
Un certain "brassement" se manifesta au cours des différentes époques où
l'Ile d'Yeu se trouve pourvue d'une garnison, en particulier sous le Ier
Empire et la IIIème République
d'avant 1914. Épouser le petit sergent galant et attentionné, bien
cambré dans son uniforme à pantalon rouge, n'était-ce pas le rêve de
bien des islaises, il y a une soixantaine d'années? Combien de ces
jeunes militaires se laissèrent séduire à la fois par le charme de notre
île et celui des gentilles insulaires? Et ces épousailles
introduisirent de nouveaux noms patronymiques parmi ceux qui remontent,
chez nous, à la nuit des temps.
Mais revenons à nos surnoms.
Je voudrais ici, après en avoir affirmé la nécessité, en proclamer
l'éloge ! Décerné par la voix populaire, voici le sobriquet adopté dans
le voisinage puis par la population unanime parce que celle-ci avait su
reconnaître, dans un raccourci imagé, une caractéristique évidente digne
d'être accolée au nom du personnage ; désormais le voici bien identifié
: aucune confusion ne sera plus possible !
Vous m'objecterez qu'ils procèdent souvent, ces sobriquets, d'une pointe
de malice, d'une observation trop aiguë d'un petit travers ou d'une
innocente manie et vous irez jusqu'à conclure que c'est manquer de
charité que d'épingler sur son prochain une étiquette plus ou moins
obligeante qui le suivra, lui et sa famille, de génération en
génération.
N'exagérons rien : le
surnom n'est que très rarement blessant, même sous une allure un
tantinet rabelaisienne. Il faut y voir plutôt l'effet d'une familiarité
pittoresque, généralement bien admise par ceux-là même qui en font
l'objet. Chacun sait, du reste, qu'il est à l'origine d'une multitude de
noms de famille dans lesquels on retrouve l'indication de métiers
exercés de père en fils : meunier, tisserand, boulanger, tavernier,
marchand, roulier et tant d'autres. Nos rois eux-mêmes se virent
attribuer des surnoms qui n'étaient pas toujours obligeants ni toujours
la marque de vertus et de qualités.
Chez nous, le sobriquet bon enfant est, pour ainsi dire, un témoignage
d'appartenance à la grande famille insulaire! Vous allez apprécier,
d'après ceux que j'ai relevés au 18ème siècle dans les actes officiels,
notariés et même religieux, le charme et l'humour qu'ils contiennent.
Quel dommage, n'est-il pas vrai, d'en ignorer l'origine précise! ... Ce
serait se plonger dans l'intimité de ces ancêtres, s'asseoir auprès
d'eux au coin de leur foyer, écouter le récit passionnant de leurs
voyages et de leurs aventures, recevoir confidence de mille historiettes
et anecdotes, pénétrer leurs qualités et aussi leurs défauts, nous
égayer gentiment de leurs petits travers ...
Hélas, je ne puis mieux faire que de laisser votre propre imagination
accomplir le même vagabondage que la mienne. Essayons donc ensemble de
deviner l'amusante fantaisie qui se dissimule sous les "soubriquett's"
d'autrefois.
Les surnoms à caractère honorifique
Aucune famille insulaire n'appartenait à la noblesse ; il eut été de la
suprême inconvenance d'accoler dans un document officiel un surnom aux
titres des hauts et puissants Messires ou nobles Dame du "Continent" qui
exerçaient leur autorité seigneuriale sur l'Ile, ni à leurs
représentants résidant sur le fief. Ce même sentiment de déférence
épargnait les vénérables et discrets Messires chargés des fonctions
ecclésiastiques en la paroisse de Saint-Sauveur ou ceux qui en étaient
originaires.
Venait ensuite la classe des notables issue des mêmes souches familiales
que le menu peuple. Après s'être affirmés dans le commerce maritime ou
dans les travaux de la terre, elle avait acquis notoriété, non pas par
la naissance, mais par son intelligence, son labeur et son dévouement au
bien commun. Cette petite bourgeoisie formait les meilleurs auxiliaires
de l'administration dans ses multiples formes : le gouvernement et la
défense de l'Ile, l'exercice de la justice, le tabellionnage, le
recouvrement des droits seigneuriaux. C'est aussi dans cette sage élite
que le recteur choisissait ceux qui prenaient, chaque année, la charge
de la gestion de la fabrique paroissiale et celle des biens des pauvres.
Mais ne vous y trompez pas ! Toute une branche des Turbé pourrait vous
sembler dotée d'une "baronnie" ... Ces Turbé "Baron",
depuis Pierre Turbé qui vivait avant 1743, jusqu'à Jacques et Jean, ses
fils, recensés en 1776, étaient de très honorables personnages mais qui
n'avaient nullement forcé les portes jalousement fermées de la noblesse.
Pas plus que Pierre Peltier "Baron"
qui était leur très proche parent.
Par contre, au début de ce 18ème siècle, Jacques Turbé "Colonel"
avait été porté à la tête de la milice locale : son surnom rappelait
cette honorable fonction.
Sans quitter la milice, notons : Auger "Major"
et Jean-Pierre Orsonneau "Chevalier"
; puis toute la dynastie des Drin "Canonnier"
: Jacques, en 1728 ; Jean, en 1751 ; Pierre en 1776.
Pour le notariat, il faut noter les Orsonneau
"Taboulion"
; Pierre en 1728 et Jean-Pierre en 1770.
Mais comment prendre au sérieux : Louis Dugast "Marquis
de Carabas"
; Vincent Chassin "Petit
Comte"
; la Poiraud dite "La
Tante du Prince"
ou encore Germain Doucet, pompeusement qualifié "L'Employé
du Seigneur"
!
Les surnoms révélateurs de métiers ou d'occupations
Comme tant d'autres de ses contemporains insulaires, Jean Cadou était
pilote sur les vaisseaux du Roy, vers 1760 ; mais c'est lui qui, entre
tous, aura le privilège de porter le surnom de "Pilote"
avec autant de fierté, peut-être, que l'un de nos contemporains
...
Jean David, lui, devait être un fameux pêcheur de ces délicieux rougets,
pour avoir mérité de s'appeler "Barbarin",
tandis que l'un de ses homonymes se distinguait par le surnom de "La
Boutique"
: c'était sans doute un commerçant. En voici d'autres, commerçants ou
artisans de la même époque : Joseph Millaud "L'industrie",
Jean Billet "Pacotille"
ou dit encore "La
Botte",
Simon Laurent "Le
Voilier".
Par contre, c'est grâce à leurs dons cynégétiques que Joseph Peltier et
le capitaine Charles Peltier s'étaient acquis une solide réputation. Il
est bien permis de l'imaginer puisque l'un et l'autre étaient surnommés
"Le
Chasseur"
...
Quant à Catherine Auger, elle était veuve de Jacques Meunier "Rebouteux"
ce qui montre que cet art possède chez nous d'antiques et respectables
traditions ...
Traditions un peu différentes, mais aussi fermement établies que celle
qui valut, vers 1742, aux Cheviteau le "sobriquett" de "Pille-Roche"
...
Evocation des peuples lointains et des provinces de France
Le souvenir des lointains pays hante irrésistiblement la mémoire des
marins ; ils en font le sujet favori de leurs intarissables
conversations. Quoi de surprenant que François Dumonté soit surnommé "Le
Turc"
pour peu qu'il ait bourlingué sur les côtes de
la Barbarie. Pierre Pruneau "Le
Flamand",
André Micheau "L'américain",
le capitaine David "Navarrin",
Mathurin Cadou "Le
Basque",
Pierre Cadou "Biscayen",
Charles Cadou "Domingue"
et Jean Moizeau "L'espagnol"
?
Deux insulaires se partagent le surnom du "Hollandais"
: un autre Jean Moizeau en 1766 et Pierre Gatineau en 1776.
Louis Turbé alla moins loin chercher son sobriquet : en face, à
Saint-Gilles où il était peut-être né. On le surnomme tantôt "Le
Gillais"
tantôt "Le
Girrais",
tantôt encore "Le Gira".
On retrouve cette déclinaison patoise chez Jean David "Le Bellislais",
dit aussi "Belle
Illoye".
Les femmes n'échappaient pas à la coutume. C'est ainsi que
Marie-Magdeleine Turbé, épouse de Pierre Simon Turbé, était désignée
communément "La
Provençale",
tandis que "La
Normande"
n'était autre que la mère de notre célèbre corsaire Jean-Simon Chassin,
c'est-à-dire Louise Poiraud qui demeurait rue de la Borgne et était pourtant bien née à l'Ile d'Yeu le
16 décembre 1722 ! ...
Qualités et défauts
D'une expression, souvent à l'emporte-pièce, voici des caractères campés
sous forme admirative ou ironique : Jean Fontaine "La
Douceur",
Pierre Fontaine "L'opiniâtre",
Jean Moizeau "L'ardent",
Hyacinthe Bernard "Amable",
Moizeau "Le
Droit",
Jacques Pierre David "Le
Fort",
Bernard "La
Justice",
Pierre Turbé, laboureur, et le capitaine Jean-Pierre Dumonté répondaient
tous les deux au surnom de "Constant".
On trouve aussi : le capitaine Pierre Peltier "Beaux
Cheveux",
Jean Chauviteau "Mignon",
Pierre David "Joli",
les héritiers de feu "Joli
Coeur",
Jean Simon Turbé "Bijou".
Mais que penser de "L'enfant
Prodigue",
de Marie-Anne Cadou "L'Eclairée",
de la veuve Mercier "La
Chicane",
de Marie-Jeanne Peltier, veuve de Jean Aubineau "Toquée"
?
Croquis sur le vif
Si nous considérons maintenant les silhouettes, un choix varié s'offre à
notre curiosité amusée.
Voici Pierre Cadou "Courte
Oreille",
Jacques Fradet "Trois
Goules"
- était-il gourmand ou simplement bavard ? -, Pierre Jean Borny "Petite
Tête",
le maçon René Nauleau "Tort
Cou",
Louis Orsonneau "Barbe
de Fer",
l'imposante Magdeleine Pilet, femme de Pierre Poiraud "Bourgeoise
Carrée",
la vacillante Anne David, veuve de Pierre Auger, "La
Branle",
la rubiconde Marguerite Morné, veuve de Mathurin Turbé "Fort
en Couleur",
Jean Nolleau "Le Balafré",
Marie Augustine Pruneau "Pié
Baude"
...
A Jacques Michaud "Fine
Aiguille"
s'oppose Charles Peltier "Gros
Os",
Pierre Mercier "Le
Gros Genoille"
et Jean-Pierre Moizeau "L'Estomac"
!
Parmi les maigres, peut-être faut-il aussi classer : le meunier Louis
Dugast "Piquet",
Louis Borny "Coque
d'Eragne",
Luc Chauvet "La
Mouche",
Marie-Thérèse Cadou, femme de Jacques Louis Micheau, "La
Belette",
Renée Cadou "La
Gaffe",
Jacques Auger "La
Fourche".
Quant à Marie-Louise Turbé, dite "La
Fourchette",
n'allons pas trop vite dans nos présomptions car, en 1776, elle habitait
précisément au Port, rue de la Fourchette. Est-ce
là l'origine de son surnom ou bien est-elle la "Marraine" de la rue ? Je
n'en déciderai pas.
Mais il est d'autres surnoms qui, encore mieux, sont des croquis pris
sur le vif : la
Bénéteau
"Vierge
Mourante",
la mère Auger, du Quéry Bossy, dite "La
Pauvre Femme",
Pierre Chauviteau "L'Homme
Mort",
Salliau "Le
Vieux Garçon",
Pierre David "Petit
Jésus",
Louis Marie Turbé "Bigot",
Jean Marie Micheau "La
Vieillesse",
le vieux Jean Cadou "Le
Grison".
Pour une bonne part, le costume et la coiffure font partie typique des
personnages. C'est ainsi que la veuve de Jean Pierre Mandret est
surnommée "Arlequin"
et les Cadou "Poche
en Haillons"
; Jean Pierre Orsonneau aussi bien que la Chaurois, femme de
Dumonté, répondent au surnom de "Bonnet
Blanc"
et Jean Roch Laurier, qui était faible d'esprit, était dit "Capuchon".
Il est des surnoms qui se passent de commentaires : François Orsonneau "Morclou",
Pierre Cadou "Crotou",
Jean Turbé "Coumet",
François Mandret "Cabou",
le tremblotant capitaine Pierre Dumonté "Briolle",
la geignante Marie Jeanne Fradet "La
Couignaude",
la bredouillante veuve Moizeau "Paillegaille",
Jean Dupon "La
Pennerée".
D'autres sont plus énigmatiques : Jean François Orsonneau "Midi",
Magdeleine Bernard "Jézé",
Marie Chauviteau "Grouillaude",
Marie Thérèse Turbé "Frigal",
Jacquette Pruneau "Cazal",
Etienne Turbé "Cougneau",
Pierre Peltier "Chariot
d'Or",
Pierre Cadou "La
Crotille",
Jacques Noleau "Le
Mouillé",
Pierre Pruneau "Bedrau",
veuve Orsonneau "Rougnelot",
Pierre Turbé "Vangale",
Jean Orsonneau "Boussicot".
On appelait Joseph David "La
Poule"
et Jean Moizeau "Poulet".
Quant à Jacques Chauviteau, c'était "Marou".
Et puis voici de charmants diminutifs familiers : Charles Poireau "Gogo",
Moizeau "Jacquet",
Pierre Poiraud "Gros
Perrot"
et Pierre Peltier, du Quéry Chiron "Petit Perrot",
Jean Cadou "Grand
Gilles",
Philippe David "Petit
Père".
Les Drouillard, eux, portaient des surnoms distingués : Charles était
appelé "Marly"
et son frère ... "Le
Frater"
...
D'où vient qu'une branche des Cadou, où je relève François, puis Joseph,
le cordonnier, se nommait "Cadolet"
? Est-ce un diminutif de Cadou ? Mystère aussi pour le capitaine
François Orsonneau "Balthasar"
et le Capitaine Jacques Moiseau "Balzaga"
! Je vous demande bien aussi pourquoi Charles Turbé, époux de Marie
Thomase Gaston, était magnifiquement appelé "Bras
d'Or"
?
Les locutions familières
Je m'en voudrais de mettre fin à cette inépuisable énumération sans
évoquer les surnoms qui me paraissent dériver des expressions que
certains personnages avaient la manie de ressasser, à la grande joie de
leur entourage, ou bien encore qu'ils avaient proférées dans de
mémorables circonstances.
Ce sont les plus évocateurs !
Un certain Auger avait tellement coutume de s'exclamer "Grand
Bon Dieu"
que le surnom lui en restera !
Le bourgeois Jacques Chauviteau, dit "Jean,
mon fils"
était sans doute incapable d'articuler une phrase sans faire allusion à
sa chère progéniture. Louis Orsonneau "Regarde
donc"
... : c'était là son interjection favorite !
Il y a certainement bien de savoureuses histoires derrière tous ces
"soubriquett's" que je vous livre tels quels et qui vous laisseront,
comme moi, tout rêveurs : Jean-Pierre Moiseau "Pas
Trop Saoul"
; Pierre Cadou "Cache-en-bas"
; François Soudeau "Tout
Peu d'Argent"
; Anne Marie Desfossées "Bon
Est - Nord Est",
Chauvet "Roule
Bas"
; Jean Samelin "La
Moizelle"
; Pierre Drin "Malousa"
(mal où ça ?) ; Luc Cadou "La
Merveille"
; Jean François "La
Chaleur"
; Pierre Moizeau et Charles Peltier "La
Belle Aubaine".
Je cite encore, comme propre à une lignée de la famille Turbé, une
répugnance gastronomique qui montre que nous sommes bien loin des bords
de la Méditerranée : Jean
François Turbé, aussi bien que Luc, son fils, portaient le surnom de "Point
d'Ail"
! ...
En manière de conclusion
Enfin, il est de ces "soubriquett's" qui semblent défier les ans. Ils
sont portés encore de nos jours et nous retrouvons les mêmes tout au
long du 18ème siècle ; je parierais qu'en recherchant dans un passé
encore plus lointain, on en constaterait déjà l'existence.
Je ne ferai allusion qu'à l'un d'eux, celui de "La
Gazette"
qu'on attribue généralement aux personnes réputées pour l'abondance de
leur verbiage et leur inclination à diffuser les nouvelles d'actualité
et les potins du quartier.
Une famille Cadou arbora allègrement ce surnom sous le règne de Louis
XV, "Le
bien-aimé",
et je ne serais pas surpris de me découvrir, à défaut de liens du sang -
ce qui ne serait pas impossible -, tout au moins une solide affinité
avec cette famille réputée loquace ...
En effet, me montrant si bavard et depuis tant d'années dans les pages
d'"Oya-Nouvelles", je cours grand risque de me voir infliger à moi-même
ce surnom.
Je ne le trouverais en rien déplacé, soyez-en certains, puisque je
m'efforce toujours d'être pour vous, chers amis, "la gazette du temps
jadis". "
Amand Henry
OYA Nouvelles
Numéros 190 à 193 - Janvier/Mars1965
Archives Départementales de Vendée
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Sobriquets
contemporains
(liste à compléter - Jean-Loup Bretet !)
Pour faire suite à cette "gazette du temps jadis", je ne peux me priver
du plaisir d'ajouter à ces sobriquets du XVIIIème recueillis par
l'historien de l'Ile d'Yeu Amand Henry, en 1965, quelques uns de
ceux, plus contemporains, que j'ai pu entendre moi-même
sur place entre les années 1955 et 1993,
lors de mes séjours dans la maison de mes
grands-parents et dans la famille...
Henri Bretet : "Bretet le Bon" et Charles Bretet : "Bretet le Mauvais", surnoms
ou sobriquets qui dans ce cas n'étaient que pour différencier l'un de
l'autre des frères, sans aucune valeur à accorder aux qualificatifs. On
donnait aussi parfois le nom de "Docteur
" à Henri Bretet, du nom de
son bateau le " Docteur Dubois ". Gabrielle Bretet, leur soeur, elle, était surnommée "Bi -Yelle" ou
"Tante Bi - Yelle", surnom directement issu de son prénom.
Mon
arrière-arrière grand-père Joseph Théophile Turbé : "Turbé Coutorte", car il avait une légère
paralysie du cou, ce qui lui faisait porter la tête légérement penchée en
permanence. Pierre Octave Turbé son fils : "Le Gueulard",
ce qui laisse bien imaginer le bonhomme qu'il avait dû être dans son
métier de marin.
Clément Pontoizeau : "Papillon", surnom
donné sans doute par les petits enfants à leur papy , et son fils
Valentin Pontoizeau dit "Tintin", mon oncle.
Cantin :
"Dents-d'rate" , probablement en raison de la forme de sa
dentition, ami de "Bretet le Bon", lesquels se rencontraient régulièrement
chaque matin au port chez "Marie-Roc", pour trinquer d'un "p'tit galopin"
de muscadet. Moi enfant sage, j'étais récompensé d'une grenadine.
Je me souviens aussi de Jean Taraud, dit "Ratata", et d'autres surnoms tels que "Le Christ" (Joseph
Poiraud, peut-être ), "Le Fils-au-Christ" (le fils de Joseph Poiraud
peut-être), "Mijo" , (Mijo Pillet ) qui tenait l'agence
immobilière à l'angle de l'Eglise au Port, "Nine", le nom de
l'épicière de la minuscule épicerie du haut de la Rue du Général de
Gaulle, les trois soeurs qui tenaient une mercerie : dites "Les Six Fesses"
, le marchand de café Elie Delavaud, dit "Le Père Caïffa",
Chéri Roger Turbé dit "Le Père Sourite" , "Fifine"
Buchoud, et encore
des noms entendus dans les conversations du grand-père,
comme :"Le Pape" , "L'Empereur" , "Rastacouère", "Agadon", "La
Chiouse", "Tribalia", "Lalo", "La Tanche", "Le Grand Fique", "La Bourru",
"La P'tite Langoute" , dont je ne saurais plus dire à quelles personnalités ils étaient
attribués.
De multiples autres étaient cités dans les
conversations, mais dont je n'ai plus le souvenir précis, hélas ...
Je retrouve au hasard, dans
les lectures de vieux numéros d'Oya Nouvelles, des noms plus anciens, (la liste est à compléter ), tels que Pierre Guittau, dit "Ralu",
André Bernard dit "Pépé", Paul Turbé dit "Séraphin", Nolleau dit "César", Henri Chevrier dit "Dazinc", Victor Taraud dit
"Ninnin", Taraud dit "Coska", J.Taraud dit "Paquet" , Samelin dit "Nez bleu" , Elie Delavaud dit "Père
Caïffa"
, Simon Viguier dit "Mounette", Viaux dit "
Pilite", Prudent Burgaud
dit "Gaga", M. Poiraud dit
"La Bique", Taraud dit
"L'Américain", Joseph Marie Charruau dit "Lissé",
Léon Delavaud dit "Berger", Léon André dit "Le Lion",
André Tonnel dit "Pouzy", Henri Arquillère dit "Le Maréchal", Berthe
Naud, dite "Grain de Café", etc ...
D'autres surnoms encore :
M. Maurice dit "Tartarin", M. Bessonnet dit "Bougie", M. Renaud dit "Cramousique",
M. Turbé dit "P'tit Frère", M. Emeterio dit "Banane", Mme Buchoul,
dite "Titine", Mme Villarbu dite "La Bourde", Mme Taraud dite "La Boucagère" , M. Charruau dit "L'Empereur",
M. Turbé dit "Baron", Mme Taraud dite "La
Noire", Mme Nolleau dite "Gégette", M. Burgaud
dit "La Volaille", M. Douaré dit "Pognée de Main", M. Pharoux dit "Grosse Chique", Mme Poiraud dite "Tata",
M. Guicheteau dit "Ralote", Mme Taraud dite "Marie Lapin", M.
Cadou dit "La Gazette", M. Viaud
dit "Le Moko
", M. Taraud dit "Grand
Jules", Mme Devaud dite "Milienne", M. Pruneau dit "Patroune", M.
Barrault dit "La Chiouse ", M. Jarny dit "Lalo",
M. Buchoul dit "Berlingot", M. Mandret dit "L'Arlequin", M. Bernard dit "Jeanne d'Arc", Alain
Orsonneau dit "Yoyo" ...
Jean-Loup Bretet
> PS. Info. de Clément Poiraud du 04/12/2014 (avec tous mes
remerciements à lui ): "Le Grand
Fique" était le surnom de Pacifique Raoul
Poiraud, né le 03/05/1880, marin à l'Ile d'Yeu, en raison de sa grande
taille. Emmanuel Poiraud, son fils, surnommé "Le fils de Grand Fique ",
a donné le nom de "Le Grand Fique" à son dernier bateau de pêche.
Jean-Loup Bretet.
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