Légendes de l'Ile d'Yeu
entendues et racontées par ma grand-mère et dans la famille,
retrouvées et retranscrites autant que faire se peut, dans leurs
évocations poètiques qui me sont restées en mémoire - ( à
complèter ) Jean-Loup Bretet
La légende du Pont d’Yeu
Il était une fois cette histoire de Saint Martin,
l’évêque de Tours qui parcourait toutes les contrées des pays de Loire
pour convertir les habitants des hameaux et des villages à croire en la
sagesse et en la bonté de Dieu. Chaque personne convertie était ainsi
pour Saint Martin, une âme retirée à la méchanceté et à la cruauté de
Satan.
Un jour, Saint Martin voyageant dans le pays de
Monts, entend qu’au-delà de la mer à l’Ile d’Yeu, les gens sont païens,
et croient davantage dans les forces de la nature qu’en Dieu. Il décide
alors d’aller à l'île d'Yeu.
Alors qu’il réfléchissait aux moyens pour
rejoindre l'île, il rencontre le Malin qui lui propose un marché. "Je
peux te construire un pont qui te permettra de marcher à pied sec
jusqu’à Oia. Mais ceci avec une condition : il faut que la première âme
d’un
être vivant qui traversera sur ce pont me soit donnée."
Saint Martin pensant aux nombreux habitants de l’île
qu’il pourrait convertir, accepte la proposition. " D’accord, mais je
suis pressé et je veux que ce pont soit construit pour le jour de demain
avant le premier chant du coq »
Satan se voyait déjà triomphant dans le piège
qu'il venait de tendre à Saint Martin. Il convoqua immédiatement toutes
les créatures, diables, diablotins, affreux et gargouilles qui lui
étaient inféodés et leur demanda de se mettre immédiatement au travail
de construction. "Pendant ce temps, dit-il, je vais donner du vin à
boire au coq du village pour qu'il dorme à l'heure matinale où il chante
habituellement. Ainsi mes troupes pourront disposer de plus de temps
pour construire ce passage."
Tous les créatures du diable se mirent à l'ouvrage et
purent réaliser par les effets de cette nuit là sous la pleine lune, une
longue chaussée de pierre entre Notre Dame de Monts et Oïa, l’Ile d’Yeu.
Mais au matin, le coq, tout enivré par le vin que
le Malin lui avait fait boire, avait complètement perdu ses sens. Au
lieu de s'endormir, il était resté éveillé toute la nuit et tout excité,
il s’était mis à chanter éperdument comme si l'aube était arrivée.
A son chant, tout l’aéropage du
Malin, diables, diablotins, affreux et gargouilles disparurent dans les
landes, et le passage de roches interrompu à quelques distances de
l'île.
Furieux d'avoir été piégé à son propre stratagème,
Satan se plaça à l'endroit où s’arrêtait le pont et se mit à attendre
Saint Martin.
Saint Martin arrivant sur les lieux, sortit d’un grand sac un chat
noir, puis d’un autre un chien méchant qu’il mit aux trousses du chat.
Celui-ci effrayé s'enfuit à toutes pattes sur le passage de roches et
passa ainsi devant Satan qui l’attrapa dans ses griffes. Le Malin,
honteux, se retrouvait ainsi payé de son travail par l’âme qui était
celle d’un chat noir, alors qu'il pensait enfin pouvoir triompher de ce
saint avec le sacrifice qu’il
escomptait d’une âme humaine.
Le pont de roches resta donc
inachevé, comme on peut encore le voir aujourd'hui à Notre Dame de Monts
au moment des grandes marées, et en mer aux endroits plus profonds, les pierres dispersées peu à peu par les marées et les
tempêtes. C'est ainsi qu'Oia resta une île...
Jean-Loup Bretet
La légende
des Petits Fradets
Près de la Pointe de la Gournaise, une zone de
landes est appelée les Petits Fradets. C’est le lieu où se réunissent
les farfadets de l’ile, qui viennent de tous les coins du nord de
l'Ile, et pour certains
depuis
les chaumes du Vieux Château, chaque année
à la nuit de pleine lune du mois d’août.
Ils se rassemblent là
avant
que de partir en farandoles dansantes et silencieuses le long des
sentiers de la côte, parmi les herbes sèches, les asphodèles, les
chardons et les oeillets sauvages en direction de
la Pointe
du But jusqu’à la « Pierre des Cailloux Blancs » quand les nuits sont
nuageuses ou parfois même plus loin jusqu’à la « Pierre qui vire Trois Tours » ou
aux « Tabernaudes » par les nuits les plus claires.
Là,
tous rassemblés, ils devisent par petits groupes sur les innombrables
petites choses et petites aides qu’ils peuvent apporter aux enfants
sages et aux habitants des maisons isolées, hameaux, et villages alentours.
Dans le conciliabule de leurs petites voix
presque inaudibles, ils
décident des mille choses les plus douces pour l’année à venir.
Là, à un
moment, l’un deux, le plus sage, le plus ancien, un farfadet à longue
barbe blanche jusqu’à ses pieds, grimpe sur le sommet de la pierre, car
il n’est pas plus haut que trois pommes, et déclare qu’à cet instant les
décisions sont prises et qu’il faut maintenant agir.
Alors tous les farfadets et
farfadettes se mettent à sauter de joie, à chanter et danser jusqu’au
point du jour, en se promettant tous de tenir leurs bonnes résolutions
de douceur, de gentillesse, de discrétion et de silence.
Au premier
rayon du soleil, ils s’égayent en courant alors tous en toutes
directions vers les végétations plus touffues qui longent les chemins ensablés et disparaissent en quelques instants dans leurs
cachettes sous les fourrés de tamaris, les buissons d’ajoncs et de
bûches, dans les sous-bois de cupressus et derrière les murettes de
pierre, jusqu’à la prochaine année.
Parmi
les anciens habitants de cette contrée, nombreux sont ceux qui ont pu
témoigner jadis, des farandoles silencieuses de ces tout petits
bonhommes autour de la Pierre des Cailloux Blancs. S'il vous arrive au
mois d'août de vous promener à cet endroit,
après la pleine lune, vous ne pourrez pas manquer de voir dans la terre
sableuse les multiples traces de pas de ces petits fradets.
Jean-Loup Bretet
La légende de
l’Herbe de détourne
Il existe à l’Ile d’Yeu, une plante très rare et
peut-être même unique au monde que l’on appelle l’herbe de détourne.
Même à l’Ile d’Yeu, on ne la trouve que rarement puisque sa
présence n’est identifiée que dans certains endroits peu fréquentés par
les habitants, dans certains chemins isolés vers la côte sauvage
Elle pousse, cette minuscule orchidée blanche, par petites touffes très éparses, de
préférence à l’abri de maigres taillis de petits chênes verts, voisinant
avec de petites mousses de diverses blancheurs et craquantes sous les
pas, et accompagnées de frêles et minuscules fougères, pour lui servir
de protection. C’est à mi-ombre, mi-soleil, qu’elle se plaît le mieux,
n’aimant pas trop l’humidité, ni trop de sécheresse, car alors elle
se meurt rapidement, n’aimant pas non plus les sentiers trop usés
par las sabots et les chaussures,
et ne tolérant pas les chemins trop empierrés, elle a un caractère
solitaire à ne vouloir croître que dans un terre presque sèche, mais
bien damée, et aussi fine que le sable et pleine de senteurs de plantes sauvages, dans les
douces chaleurs des soirées de fin d’été ou des débuts de l’automne.
Elle aime
la solitude, et ne se
montre jamais quand il y a plus d’une personne sur son chemin. Dans de
telles circonstances, encore faut-il que le pas du promeneur solitaire
lui aussi vienne l’effleurer, la caresser, mais surtout sans l’étouffer ou l’écraser de son poids, pour
qu’enfin elle exprime sa senteur presque imperceptible. Elle gémit alors d’un doux soupir qui entraine l’âme vagabonde du marcheur vers un buisson
de myrtes, vers une touffe d’asphodèles, vers une pousse de tamaris, à
droite, puis à gauche du sentier ou un peu plus loin dans le sous-bois, sous
une aubépine, une branche de ronce, ou un pied de genêt.
Et là le promeneur voit la
beauté et la diversité des quelques fleurs aux couleurs tendres et
changeantes sous les effets du zéphyr, les courbes et formes variées des
jeunes arbustes aux feuillages riches de multiples nuances colorées de verts et de
jaunes sous les effets des rayons mouvants du soleil, les senteurs
délicates des brins de thyms sauvages, des menthes poivrées, des
bruyères rugueuses, des mousses tendres, regardant les vas et viens incessants des
fourmis portant des brindilles plus lourdes qu’elles, admirant le travail
appliqué de
la petite araignée tissant sa toile de ses
pattes expertes, suivant la libellule furtive se poser de feuilles en
fleurs à la recherche de quelque microscopique nourriture, avec dans le fond,
les murmures de la mer proche et
le chant envoûtant et réguliers des flux et reflux des vagues sur les
rochers. Et c'est
aussi
là, entre les quelques pierres du vieux village disparu des Fontaines, es
murettes délabrées du village abandonné des Chauvitelières où l’on
consignait les pestiférés au temps jadis, et le hameau des Martinières
que l’on trouve encore quelquefois l’herbe de détourne, cette herbe qui
désoriente tant le promeneur solitaire qu'il croit s'être perdu ou
avoir fait un rêve.
Celui-ci en avoue à son retour, ne pas savoir où il a quitté
son sentier, où il a laissé son chemin, ne pas comprendre comment il
s’est égaré, ne plus se souvenir de l’heure qu’il était, de la durée de
sa dérive, puisqu’il n’a rencontré personne et n’a fait de tous ses sens
qu’admirer la beauté immense de la nature en oubliant tout de
l’espace et du temps, comme dans un moment d’éternité.
En parlant ainsi de la beauté de tout ce qu'il a vu, toutes les
personnes qui l'attendaient ne peuvent alors que lui pardonner son retard.
Jean-Loup Bretet
La légende du Trésor du "Camp"
Le
"camp" désignait autrefois une contrée de l'Ile d'Yeu aujourd'hui
disparue avec la montée des eaux et l'érosion inlassable des marées et
de la mer lors des grandes tempêtes. Il subsiste encore cependant
quelques traces de cette région, au nord de l'île, face à la Pointe de
la Gournaise, que l'on applelle "Le Grand Champ", matérialisées par
quelques rochers hostiles en mer à quelques huit cent mètres de la côte
et au devant desquels s'interposent les roches du "Petit Champ".
Autrefois cette zone dangereuse de rochers était rattachée à l'île
jusqu'à la Gournaise et constituait une avancée de terre dans la mer.
A cet endroit, on dit qu'en une époque lointaine, les troupes
romaines y avait installé un camp lors de leur conquête de la Gaule, et
qu'ils avaient réuni là un trésor provenant de leurs différents pillages
au travers les pays et les ports de la côte atlantique.
Un jour,
ils se trouvent contraints à un départ précipité de l'île, en voyant des
nefs inconnues arriver sur les flots au loin. Ils doivent cacher
rapidement leur trésor et l'enterrer, en escomptant bien pouvoir revenir
le chercher quand les troupes ennemies auront été chassées des parages.
Sachant d'où venaient ces richesses, les habitants de l'île
ne voulaient pas y toucher par crainte du mauvais sort qu'il leur serait
jeté, s'ils se risquaient à retirer ce trésor de sa cache qu'ils avaient
découverte. Ils considéraient que ce trésor ne leur appartenait pas, pas
plus qu'il n'appartenait aux conquérants romains ou à d'autres pilleurs.
Peu après, des marins bretons sans doute plus hardis, car plus
habitués à voguer d'îles en îles et de ports en ports, et plus rompus
aux manières de déjouer les ennemis et aux dangers des naufrages
et de la mer , entendent parler de ce trésor lors d'un mouillage de leur
navire face à la Plage des Roses.
Après
plusieurs jours
de recherche et malgré l'opposition des habitants des masures voisines,
ils parviennent à trouver le trésor. Ils se voient déjà si riches,
qu'ils décident de repartir immédiatement vers leur pays d'origine,
quelque part en Bretagne, pour raconter leur aventure et vivre alors du
trésor qu'ils se seront partagés.
A peine, se sont-ils éloignés
d'un mille de la côte, au large des "Petits et Grands Champs", dans leur
bateau aux voiles gonglées par les vents, que ceux-ci se mettent à
souffler soudainement si fort qu'ils retournent en un instant l'
embarcation, les hommes et le trésor, qui tous sombrent dans un silence
total à la nuit tombante.
Depuis ce lointain naufrage, dont ils
se souviennent encore de génération en génération, les ogiens savent que
les biens mal acquis ne peuvent jamais profiter à ceux qui les ont pris
impunément. C'est pourquoi, ils ne croient tous qu'au travail de
leurs propres mains pour vivre heureux et riches dans la simplicité
qu'ils ont choisie, de respecter les hommes, la nature et la mer.
Jean-Loup Bretet
La légende des
Bossus de la Roche aux Fras
A quelques
centaines de pas du village de la Meule, près d'un petit tertre inculte,
existe une énorme pierre plate, grande comme une table carrée, posée sur
une autre roche lui servant de pied. Sa surface est creusée par endroits
de trous en forme de petites coupelles, qui se remplissent d'eau les
jours de pluie. Ces coupelles sont celles du trépied du diable, qui
venait jadis s'asseoir sur cette pierre à cet endroit, chaque vendred,
pour y présider ses adeptes autour de bacchanales secrètes. Ces
cérémonies diaboliques à la lumière d'une torche éclairant la lande,
consistaient en des danses grimaçantes et en des chants répétitifs dont
les refrains se terminaient toujours par la citation des jours de la
semaine: "lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, et dimanche",
etc... Par un jour d'orage, un soir de nuit tombante, un pauvre et
vieux marin bossu, de retour de pêche, passe par ce raccourci qui le
ramène chez lui vers sa chaumière de Ker Viroux. Ce n'est pas son chemin
habituel quand il revient de la Meule, mais cette fois là, il entend par
ce sentier des chants cureux accompagnés par une musique grinçante,
répétitive et obsédante. Il s'approche doucement intrigué, et caché
derrière un buisson d'ajoncs, il voit une curieuse sarabande dans le
rythme et la musique l'envoutent. Sans se rendre compte, il entonne
d'une voix basse le refrain, puis de plus en plus fort, il chante et
répéte : "lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, et dimanche
". Le diable d'un signe interrompt les chants et la musique, et fait
amener à lui le malheureux pécheur par deux diablotins. Le vieil homme
croit sa fin arrivée. Pensant avoir affaire à l'un de ses adeptes
retardataires, le diable lui donne une tape sur le dos et l'invite à se
joindre aux rondes et aux danses qui reprennent autour de lui. Quand
soudain, le vieil homme se sent plus léger, comme ayant retrouvé sa
jeunesse et s'aperçoit que sa bosse qui le faisait souvent
souffrir les jours d'humidité à disparu.
A l'heure de minuit, la
cérémonie terminée, il rentre chez lui, très heureux de son aventure,
dont il parle dès le lendemain matin à l'un de ses amis, lui aussi
bossu. Celui-ci dans l'espoir de voir sa bosse disparaitre par la
même opération, attend avec impatience le vendredi suivant pour se
rendre à la Roche aux Fras. Le jour venu à la nuit tombante, il se cache
derrière un buisson de genêts, et se met à chanter le refrain comme le
lui avait indiqué son ami pêcheur, doucement d'abord, puis avec force au
fil des strophes chantées par les amis du diable. Très vite il est
remarqué et amené aussitôt auprès du diable. Il chante encore et se
prosterne devant ses pieds, en attendant le miracle qui lui otera cette
vilaine et douloureuse bosse. Hélas, il chante mal, et le diable sent
qu'il n'est pas là pour partager les danses et les rondes envoutantes,
mais que par son unique intérêt. De sa main crochue, il lui effleure le
poitrail, et en quelques instants, c'est une seconde bosse qui pousse au
dessus du ventre du pauvre hère. Totalement affolé, il s'enfuie
immédiatement par les landes et les chirons en criant "au diable les
miracles" , et comprenat tout à la fois qu'en tout c'est la sincérité et
le respect qui comptent, et que le diable aussi gentil soit-il n'aime
pas qu'on se moque de lui.
Jean-Loup Bretet
La légende des
Deux Corbeaux Blancs
Depuis longtemps, se raconte
de génération en génération cette histoire, de navigateurs grecs qui
débarquèrent un jour à l'Ile d'Yeu dans une petite crique appelée
le "Port des deux Corbeaux", à cause de deux corbeaux blancs qui les
avaient attirés là pour les mettre à l'abri un jour de grosse mer, et
qui semblaient régner là en paix depuis toujours, et étaient vénérés par
les habitants
Durant de longues calendes, années, et
siècles, en effet à cet endroit situé à la pointe sud de l'ile, il
était dit que les habitants qui souhaitaient connaitre la vérité ou la
justice dans les litiges et différents qui opposaient certains d'entre
eux, venaient régulièrement dans ces lieux afin que les choses
soient jugées dans l'impartialité. Car là, ce n'était pas les hommes qui
jugaient les hommes, mais ce couple de corbeaux blancs, considérés
comme envoyés par Dieu et qui se nichaient dans les caches de cette
extrémité de côte rocheuse et sauvage.
Ainsi les habitants en
conflit déposaient, d'un accord commun au sommet d'une pierre ou d'une
roche qu'ils choisissaient ensemble, une planche sur laquelle
chacun déposait de part et d'autre une portion d'un gâteau qu'ils
avaient préparé par eux-mêmes. Les deux corbeaux venaient alors
piquer et manger chacun à leur tour les deux portions sucrées qui leur
étaient offertes. Si l'une des deux portions était totalement mangée, et
que l'autre restait ou était dispersée en miettes par leurs coups
de bec, il était établi que c'est le propriétaire du gâteau qui restait
ou qui était dispersé en miettes qui avait raison, qui disait la vérité
ou qui gagnait son procès.
Il faut savoir que ces deux corbeaux
blancs régnaient seuls sur l'ile et ne permettaient à aucun autre,
qu'ils soient blancs ou noirs de venir partager leur domaine. Aussi
voyait-on souvent les habitants le nez en l'air à chercher dans le ciel
le vol de ces oiseaux qui n'hésitaient pas à chasser les autres
volatiles du continent qui, par certains jours, accostaient sur leur
territoire. Mais on disait aussi que lorsque les deux corbeaux
s'envolaient ensemble loin vers le nord, comme pour quitter l'ile,
c'est qu'il y avait à craindre une grosse période de tempêtes, et au
contraire lorsqu'ils se dirigeaient vers le sud, c'est qu'une longue
période de beau temps arrivait.
Un jour, un jeune soldat anglais,
lors d'une des occupations de l'ile s'avisa de vouloir mettre fin à ces
histoires qu'il considérait être des balivernes de marins incultes. D'un
coup de mousquet, il tua l'un des deux corbeaux blancs. L'autre partit à
tire d'ailes vers l'est et disparut à jamais.
Dès le lendemain,
les corbeaux blancs furent remplacés par des corbeaux aux plumages
noirs. Ceux-ci devenaient des messagers de malheurs pour les
habitants. La preuve en fut que dans le même temps, on retrouva
aussi le lendemain, le corps du jeune soldat anglais sur la plage de la
Pointe des Corbeaux, dont on ne sut jamais comment il avait pu mourir.
Depuis, jamais on n'a revu les corbeaux blancs venir se poser sur
l'ile. Mais la Pointe des Corbeaux reste toujours un lieu magique où
chacun peut venir y faire des souhaits, qui pourront se réaliser à
condition qu'en même temps vous fassiez le voeu très puissant de
voir revenir les corbeaux blancs.
Jean-Loup Bretet
|