Jacqueline Colas, à peine 3 ans, et sa soeur Eliane, sous les bombardements américains
à Nantes le 16/09/1943.
Jacqueline
Colas le jeudi 16 septembre 1943, elle n'avait alors qu'à peine 3 ans, a
réchappé à un bombardement américain sur la ville de Nantes. Auguste
Colas, Agnès sa femme, et leurs enfants, Roger, Maurice, Eliane et
Jacqueline habitaient alors un petit appartement au 6, Rue Dobrée. Michel Crouant,
neveu de l'armateur du Belem, sourd et muet, était artiste sculpteur sur
bois et possédait avec un ami, Robert Chiffoleau, un atelier dans la cour
qui jouxtait l'appartement de la famille Colas. La chute des bombes
américaines sur le quartier et sur l'atelier de Michel Crouant avait creusé un trou de 10 mètres de diamètre et de 5 mètres
de profondeur. Celui-ci en a été tué dès les premiers instants du
bombardement sous la bombe tombée sur l'immeuble. . Eliane Colas, âgée de 6 ans qui
était en garde chez le sculpteur le temps d'une course de
sa mère, dès les premiers fracas de bombes sur le quartier s'était
alors précipitée dans l'appartement de ses parents pour retrouver Jacqueline.
Elle put la dégager vivante des gravats qui recouvraient le lit dans lequel sa mère,
Agnès l'avait laissée pour une sieste, et se cachèrent toutes deux dans
la garde robe familiale...
( Témoignage de Jacqueline
Colas le 23/05/2015 à l'Ile d'Yeu )
> Voir ci-dessous les
évènements racontés dans une lettre à la famille par Auguste
Colas, le père de Jacqueline dès le lendemain.
(A la fin de son récit,
Jacqueline avouera n'avoir jamais osé parler de ce moment pendant de
très longues années et ce n'est que depuis peu de temps qu'elle peut en
reparler. JLB)
Jacqueline Colas
Dans la lettre qu'Auguste
Colas adresse dès le 17 septembre, à sa famille, il mentionne le nombre
de 300 morts et de 1200 blessés. La réalité fut plus dramatique que
cela. A cette date Nantes avait déjà subi 320 alertes aériennes
depuis le début de la guerre, et 10 bombardements aériens dans lesquels
68 personnes avaient trouvé la mort. Ce 16 septembre, vers 15h30 lorsque
les sirènes sonnent pour prévenir du danger et inciter les
habitants à rejoindre les abris anti-aériens, et en dépit des tirs de
DCA qui se déclenchent, comme la plupart des Nantais, la famille Colas
vaque à cet instant à ses occupations quotidiennes, comme chaque jour,
et malgré l'alerte. Ils ne savent pas qu'ils vont vivre
les bombardements et les destructions les plus intenses que la ville de Nantes n'a jamais
connu de son histoire.
En quelques minutes après le
retentissement des sirènes, un vombrissement grandissant et
assourdissant envahit le ciel et c'est 147 forteresses volantes
qui apparaissent en survol de la ville à 7000 mètres d'altitude. Il fait
beau ce jour là, et les habitants aperçoivent nettement les bombes
qui se détachent succéssivement
des avions en un chapelet de taches noires sur le fond bleu du ciel.
C'est la 8ème Air Force Américaine qui commence à larguer ses bombes sur
le centre ville. Il est alors 16h05. Le quartier des chantiers, la Butte
Sainte Anne, l'Hôtel Dieu, la Place Royale, la Basilique St Nicolas sont
touchés en quelques instants. Plus de 1400 bombes s'écrasent en un
quart d'heure sur la ville, dans un fracas de bruits et de poussières.
Ce sont plus de 700 maisons et immeubles qui sont détruits, et on
dénombre dans cette désolation, 977 morts, auxquels s'ajouteront lors du
bombardement qui suivra le 23 septembre à 9h 20 du matin, en quelques
minutes quelques 486 victimes supplémentaires, dont des personnes
disparues et non identifiées, 130 environ, et 67 soldats allemands.
Au total, pour ces deux journées, ce sont 1463 habitants qui seront
tués, et plus de 2500 personnes blessées dans l'un des bombardements des
armées alliées, qui fera le plus de victimes civiles du coté français.
Jean-Loup Bretet, le 10/07/2015
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