Le fait peut paraître étonnant, mais des Vendéens furent des Communards au printemps 1871. Et de nombreux Communards (au moins 900) furent internés dans les geôles de Noirmoutier et L'île-d'Yeu (ainsi qu'à Oléron) après l'écrasement de cette insurrection populaire, du 21 au 28 mai 1871, la « Semaine sanglante ».
Aussi, ce samedi 17 mai, à 11 h, la Fédération départementale de la Libre pensée appelle à un rassemblement devant l'entrée du château de Noirmoutier-en-l'Île (qui servit de prison). Dans un communiqué, la Libre pensée veut poursuivre sa demande d'un lieu de mémoire dédié à ces sacrifiés de la répression du gouvernement Thiers (30 000 fusillés, 60 000 déportés et internés) : « Cette demande a été formulée auprès du maire de Noirmoutier-en-l'Île. En décembre 2013, nous avons eu une entrevue. Un accord de principe a été donné, mais nous attendons confirmation... »
La Fédération vendéenne s'inscrit dans une démarche commune avec le mouvement de la Paix Vendée, les Amis de la Commune de Paris, la section Noirmoutier Nord-Ouest vendéen de la Ligue des droits de l'Homme, diverses organisations se réclamant de la Commune de Paris...
Allix, le Fontenaisien, maire du VIIe arrondissement
On trouve donc trace de Vendéens dans cette insurrection du printemps 1871, qui puisait sa source dans un élan républicain, se référant à la Ie République, ainsi qu'à l'insurrection populaire de 1848.
Le Fontenaisien Jules Allix, 53 ans en 1871, est le plus connu des Communards vendéens. Allix était un militant communiste de longue date. Impliqué dans plusieurs complots, il est condamné par le régime impérial de Napoléon III à huit ans d'emprisonnement. Il s'enfuira à Jersey, rejoindre son frère Émile, le médecin de Victor Hugo, le poète exilé. Jules côtoie le poète, mais est pris de folie durant une séance de tables tournantes.
Il rentre alors à Paris à la suite d'une amnistie et est interné à l'asile de Charenton en 1866. Son frère le sortira un an plus tard. Après la défaite de Napoléon III, il devient maire du VIIe arrondissent durant le siège de Paris. Et il fera partie du « gouvernement communal ». Il sera amnistié en 1876, mourra à Paris en 1897. (Lire sur Jules Allix le Dictionnaire des célébrités vendéennes, d'Alain Perrocheau, Geste Éditions).
Ces Vendéens qui agitèrent le drapeau rouge
Parmi tous ces Vendéens qui agitèrent le drapeau rouge, il faut également citer le Luçonnais Jules Cardin, 60 ans en 1871, ouvrier-relieur, qui sera interné au Château-d'Oléron, condamné à trois ans de prison et dix ans de privation de ses droits civiques. Autre Luçonnais, le sellier-bourrelier Jean Bardet sera incarcéré au Fort-Boyard puis déporté en Nouvelle-Calédonie, où il mourra l'année suivante, en 1872.
Il y en a d'autres qui seront internés dans les forts ou les pontons de l'Ouest de la France : le saltimbanque Auguste Bigot, né à Beaurepaire ; l'instituteur Pierre Budaille, né à Saint-Nicolas-de-Brem ; le boulanger François Brousseau, né à Saint-Mars-la-Réorthe ; le marchand de vin Pierre Ancelin, né à Vouillé-les-Marais ; le chemisier Gustave Ham, né à Palluau...
On y trouve aussi un Noirmoutrin : le cordonnier Joseph Citeau, franc-maçon, né dans le chef-lieu de l'île le 30 mai 1824. Autant de Vendéens à laquelle la Libre pensée veut un hommage plus appuyé, car ces Vendéens font aussi partie de « la mémoire des vaincus » pour reprendre l'expression chère à Michel Ragon.
La mémoire de ceux qui agitèrent le fameux
drapeau rouge, symbole du sang ouvrier face au drapeau tricolore
devenu synonyme de répression bourgeoise.