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Entre histoire et légende : la Dame en Rouge du
Vieux-Château.
Le vieux-château de l'Ile d'Yeu, a été le lieu de
nombreux événements au cours de l'histoire depuis sa construction par
Jeanne de Belleville, une belle et riche princesse, dans les années
1328-1330, laquelle après la mort de son premier mari était devenue
propriétaire et seigneuresse de l'Ile d'Yeu.
Née en 1304 à
Belleville sur Vie, elle avait hérité de
nombreux domaines dans les pays de Retz et de
Garnache, et s'était mariée une seconde fois avec un riche seigneur
appelé Olivier IV de Clisson en 1328, à qui elle avait apporté
l'Ile d'Yeu en dot.
Olivier, lui, il aimait guerroyer,
et il allait ainsi pendant de longues années batailler parfois en
Gascogne, parfois en Bretagne ou en Poitou, pour gagner de nouvelles
possessions à la force de son épée.
Jeanne, elle, parcourait sans
cesse la campagne de ses seigneuries, pour assurer partout son
autorité, et gérer les terres dont elle était propriétaire. A l'Ile
d'Yeu, elle avait décidé de construire son château, et elle venait
régulièrement surveiller comment les travaux avançaient, car elle
souhaitait au plus vite venir s'y installer.
Mais les troupes
ennemies étaient nombreuses à s'intéresser à l'Ile d'Yeu. Les anglais,
les espagnols en particulier à cette époque voyaient l'Ile d'Yeu, comme
un abri pour leurs soldats, très proche du Royaume de France, qu'ils
rêvaient les uns et les autres de conquérir.
Jusqu'au jour où
Olivier est capturé à Paris par traîtrise par le Roi de France Philippe VI de Valois,
et son fils Jean de France Duc de Normandie qui le soupçonnent tous deux de vouloir aider les anglais à conquérir la ville de
Nantes. Olivier est quelques jours plus tard décapité, le 2 août 1343, et sa tête exposée durant plusieurs jours aux grilles de la porte
principale de la ville de Nantes.
Le Roi avait attiré Olivier IV
de Clisson, à Paris avec plusieurs seigneurs bretons pour
participer à un tournoi, l'avait emprisonné et exécuté en l'espace de
quelques jours, et en avait profité pour se déclarer propriétaire de tous
les domaines qu'Olivier possédait en Poitou et en Bretagne. Jeanne
de Belleville ayant appris cette funeste nouvelle
et la félonie abjecte du Roi de France prête
serment de venger
la mort de son second mari, jusqu'à sa propre mort. Elle vend alors tous ses bijoux, ses
terres, et une partie de ses châteaux, achète trois bateaux, et lève une
armée de chevaliers et de soldats pour aller combattre sur terre les troupes
du Roi de France, et ses vaisseaux sur toutes
les mers de Manche et d'Atlantique.
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Exécution d'Olivier IV de Clisson sur ordre du Roi Philippe VI de
Valois à Paris, le 2 août 1343
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Au
commandement de sa flotte de trois navires aux coques noires et aux
voiles rouges sang, à la tête de son navire amiral qu'elle baptise " Vengeance", elle s'attaque
ainsi à la flotte du Roi, qu'elle maudit chauq jour et hait de toute son âme
pour l'assassinat d'Olivier. Jeanne, elle, qui était si douce, pacifique
et élégante, jadis, s'habille de couleur rouge sang, pour symboliser sa soif de vengeance,
et devient un véritable chef de guerre à la tête de 400 soldats, en n'hésitant pas
à être la première à se lancer à l'abordage des vaisseaux du Roi et à tuer tous les marins et soldats qui osaient s'affronter à
elle. Elle ne pouvait faire autrement alors que de se rallier au Roi Edouard
III
d'Angleterre, après le naufrage de son navire près des côtes de Morlaix,
et plusieurs jours de dérive dans une barque prise dans la tempête avec ses
deux fils Olivier et Guillaume qui meurt noyé. Auprès d'Edouard III, elle finit par trouver refuge,
alors que dans le même temps les soldats du Roi de France prennent
possession
de son château de l'Ile d'Yeu.
En Angletrerre, Jeanne de
Belleville se marie une troisième fois avec un chevalier nommé Gauthier de Benthley, qui
décide avec Olivier V, le fils que Jeanne avait eu de son mari Olivier
IV, arrivé à l'âge d'être un brillant soldat, de reprendre l'Ile d'Yeu.
Jeanne a une haine
infinie et une soif de vengeance contre le Roi de France qui demeurent les mêmes, et elle n'aspire
qu'à une chose revenir dans son château de l'Ile d'Yeu, où elle se sent
plus protégée que dans ses autres domaines. C'est
ainsi qu'en 1355, Olivier V, aidé de Edouard Plantagenêt, le Prince Noir, parvient à
reprendre possession avec les troupes anglaises du château et de
l'île, et à faire flotter au sommet de la plus haute tour, la bannière
anglaise aux léopards et aux fleurs de lys. Alors qu'on la croyait
restée en Angleterre, Jeanne était venue retrouver son pays de Bretagne
où elle avait séjourné quelque temps derrière les murs du Château
de Jeanne de Monfort, son alliée contre le Roi de France, à Hennebont.
Avec l'aide de son fils Olivier V, et les
troupes anglaises des "hommes rouges", cachée sous une tenue
se soldat, elle était revenue à l'Ile
d'Yeu, pour combattre et rejeter hors de son île, les Français.
Elle était ainsi restée fidèle à son serment de se battre jusqu'à ses
derniers jours. Et sans doute, est-ce là, à l'Ile d'Yeu, dans son château, qu'elle meurt, quatre années plus tard
l'année 1359, à l'âge de 55 ans.
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Jeanne de Belleville (1304-1359) |
Illustration des combats navals
de la nef de Jeanne de Belleville
contre les
navires du Roi de France |
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Illustration moderne du " Vengeance"
de Jeanne de Belleville
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Tandis qu'Olivier V quitte l'Ile
d'Yeu après le décès de sa mère, un corsaire anglais nommé Robert Knolle
en profite pour se déclarer le Seigneur de l'Ile en 1360.
Il restera là jusqu'en 1367, avant d'etre remplacé par un autre anglais, Richard de Grenay
jusqu'en 1392, et occuper le château. C'est une période pleine de
menaces et de tourments pour les habitants, car les anglais sont cruels
et il semble que des
choses effroyables se passent dans l'enceinte de la forteresse.
De mémoire d'ogiens, et de bouche à oreille, on se
souvient des "hommes rouges", les soldats anglais, à cause de leurs
uniformes. IIs terrorisaient en permanence les habitants soupçonnés
d'hostilités contre eux, et venaient enlever les jeunes filles de l'île pour
les enfermer dans la prison du château, sans qu'on ne les vit jamais revenir.
Et autrefois,
il n'y a pas si longtemps encore des anciens
racontaient qu'à cette époque des cris s'élevaient souvent de derrière les tours ainsi
que des soupirs et râles lugubres, qui laissaient imaginer que ces jeunes filles livrées aux
soldats sans respect, aient pu être abusées et abandonnées dans quelques oubliettes
obscures...
Quelquechose d'étrange encore, lorsqu'en 1895
quelques travaux de réparations sont entrepris dans le château, qu'on
appelle dès lors le Vieux-Château, car il n'est plus guère qu'une ruine,
et on
craint que certaines murailles ne s'effondrent définitivement. Dans le sous-sol
du vieux corps de logis, à droite de l'entrée, on entreprend de
retrouver les pierres tombées qui se sont accumulées au fil des ans sous
les gravats et la terre, afin de redresser quelques murs. On creuse à cet
endroit, qui pouvait être jadis, sous le plancher de la salle à manger, une
réserve de vivres, jusqu'à la découverte un jour dans une cavité plus
profonde dans le sol, d'un cercueil en bois d'acajou bien conservé et
entiérement capitonné d'un tissus de soie rouge. A l'intérieur, enveloppés
dans une longue robe rouge brodée
de fils dorés, les restes mortuaires d'une
femme aux longs cheveux blonds et quelques bijoux ... Personne ne
pouvait prétendre à
être enterré dans l'enceinte du château,
si ce n'est le Seigneur des lieux disaient les anciens. Qui cela pouvait-il
être, si ce n'est donc en son cercueil, Jeanne de Belleville ?
Mais on raconte aussi
qu'il est arrivé et jusqu'à il y a peu de temps encore,
à des témoins, d'apercevoir certains soirs d'orage, la silhouette d'une
femme à l'allure juvénille et aux longs cheveux blonds, vêtue d'une
longue robe rouge, marcher de longs moments à pas lents dans la cour
intérieure du château ou de la voir parfois aussi avancer lentement
et la tête basse, sur le chemin de ronde de la muraille du sud
surplombant la mer, et puis disparaître soudainement dans l'ombre, comme
elle était apparue. Se ralliant aux anciens, les témoins disaient
encore : qui d'autre cela pouvait-il être, si ce n'est, en ces
lieux, le fantôme
de Jeanne de Belleville ?
JLB
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