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Concernant l'origine possible du nom de BRETET
Extraits du livre " Essai d'Histoire
Locale de St Hilaire des Loges " de Henri Boone, paru en 1918
(Résumé)
Les Pictares et les Romains.
Dans la période gauloise cette région de la
Vendée aux confins de la Charente, située entre Fontenay Le Comte et Niort était
occupée par un petit peuple appelé les Pictares, qui ont donné ensuite les noms de Arts
ou Ors, dont les prononciations étaient très proches, et qui ont laissé plus tard leurs
traces par exemple dans les noms de la rivière l'Autise (L'Ortise) ou au village
Arty (Artis). Ils pratiquaient l'agriculture et l'élevage des moutons, ils
confectionnaient des draps de laine très estimés en Gaule, et commerçaient déjà avec
les Grecs et les Phéniciens.
Les Romains apportèrent une profonde transformation au début de l'ère chrétienne, dans
une région qui n'offrit pas beaucoup de résistance à l'invasion des troupes romaines.
Ce fût d'abord la mise en place d'une organisation administrative, avec la subdivision du
Pays Pictare en trois régions, puis la réalisation des grands travaux publics avec
l'édification de nouvelles routes empierrées à la fois stratégiques et commerciales et
de ponts, puis l'attribution de concessions aux colons.
Ce dernier point consistaient à rétrocéder en tant que concessions, - sous formes de
domaines, une partie des vastes espaces dont les habitants jouissaient collectivement (les communaux), - aux colons gaulois qui acceptaient de participer à une meilleure
exploitation des terres sous la tutelle romaine, avec exploitation de la main d'oeuvre
locale.
Ces colons pouvaient alors, en dehors des villages, construirent des demeures (villas),
comprenant maisons de maîtres et bâtiments de ferme, d'abord à proximité des routes et
des cours d'eau, puis dans des terrains où ils entreprenaient de creuser des puits.
Les activités ne se bornaient pas alors qu'à l'agriculture ou à l'élevage, mais aussi,
à l'extraction de la pierre pour construire, soit en carrières, soit en galeries,
à l'exploitation du minerai de fer pour les outils et les armes, mais encore aux transports,
à la batellerie avec l'artisanat lié à la réalisation des chariots ou des bateaux.
La mise en valeur des terres, le développement des différentes activités entraîna
rapidement la prospérité de la région, le goût de nouvelles entreprises, et la
richesse apparut chez les agriculteurs, les commerçants, les artisans, suivis de
l'émergence progressive d'une certaine aristocratie, la noblesse gallo-romaine, encline
à se construire des demeures luxueuses, et à augmenter son enrichissement aux dépens
des petits paysans, et des manouvriers.
La révolte des Bagauds et les premiers châteaux.
Les propriétaires terriens qui étaient chargés de collecter les impôts de plus en plus
élevés à la demande des empereurs romains durent entre l'an 270 et l'an 400 faire face
alors à différentes révoltes des Bagauds, les paysans pauvres qui s'en prirent aux
biens des puissants et n'hésitèrent pas en de nombreux lieux, à chasser les riches des
terres qu'ils s'étaient appropriées, d'en détruire leurs demeures ou d'en tuer leurs
occupants.
En réponse à ces révoltes, l'administration gallo-romaine organisa alors un système
répressif en rapport avec les moeurs brutales de l'époque. On augmenta les postes
militaires, on fit venir des légions étrangers en nombre, à qui on attribua
leur temps de service terminé, des terres, et la charge du maintien de l'ordre en cas
de besoin. Mais ces mesures ne firent au fil du temps qu'accentuer les
phénomènes de
révolte et de pillages qui se manifestaient de plus en plus violemment.
La décision de l'administration romaine fût alors de construire le long des routes et
dans des lieux stratégiques, à proximité des rivières, des ponts, des gués, dans
toutes les régions concernées par ces révoltes, des édifices de défense ou des
fortins, appels des " chateliers", destinés aux soldats, ou à la protection
des "seniors"( terme d'origine romaine qui signifait "le
vénérable", ancêtre du mot " seigneur"), construits sur des élévations
de terre, bordés de fossés et protégés par des palissades de pieux, percés d'une seule
porte donnant accès à une cour intérieure où se trouvaient une tour et quelques
bâtiments pour le logement des soldats.
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Exemple de chatelier ou château motte à Saint
Sylvain d'Anjou (au nord d'Angers - France)
(- photos : " Les
Châteaux au Moyen-Age " de P. Gaulain et
J. Maréchal - Editions Pixures)
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Les premiers seigneurs.
Ces missions de maintien de l'ordre et de collectes des impôts furent confiées
à ces
seigneurs aidés des troupes étrangères, dont beaucoup étaient des soldats Wisigoths,
lesquels prirent rapidement une place dominante dans cette organisation au détriment des
romains. Les propriétaires pour protéger leurs biens à la fois des révoltes paysannes,
mais aussi des Wisigoths qui voyaient eux aussi dans cette situation les moyens de
s'enrichir, durent alors fortifier leurs demeures, en les transformant en
"fertés", construites autour d'une cour rectangulaire avec des murs d'enceintes
en pierres prélevées dans les carrières, des tours de défense à chaque angles, et des
bâtiments pour loger les domestiques, constituer des réserves de blé, de vin, de
nourritures, afin de parer aux éventuelles agressions, tout en s'appuyant sur les paysans
locaux pour s'affranchir de la domination et des razzias wisigothes.
Clovis, Roi des Francs désireux de refaire l'unité de la Gaule, décida à son tour de
combattre les Wisigoths en combattant Alaric II, qu'il vainquit et tua à la Bataille de
Vouillé en l'an 507. A son tour, il décida de réorganiser la société de l'époque en
s'appuyant sur le clergé catholique qui l'avait aidé à chasser les occupants,
et en
faisant construire des églises dans chaque propriété terrienne.
Les fertés se transformèrent en villages fortifiés, les villas en châteaux, les manses
en fermes fortifiées, et les propriétaires les plus riches et les plus puissants
eurent le rôle d'assurer le maintien de l'ordre dans leurs régions en mettant sous leur
protection et leur autorité les habitants, en contrepartie de leur aide en cas de besoin.
Charlemagne en 778 avec les "vigueries", puis Charles le Chauve en 847
consolidèrent cette organisation en instituant la reconnaissance des propriétaires des
anciennes villas gallo-romaines les plus puissants, comme chefs militaires chargés de
protéger les villages, les villageois, et les biens dans les régions. C'est le
Roi Charles Le Chauve qui créa donc les seigneuries.
Celles-ci étaient constituées de bâtiments et de fermes fortifiées,
construits,
consolidés et entretenus par ces chefs militaires, lesquelles constructions se
transformèrent en châteaux et devinrent des lieux de refuge possibles pour les habitants
de chaque contrée en cas d'agression ennemie. En contrepartie de quoi, les habitants
devaient faire allégeance et obéir aux ordres des châtelains, mais également leur
verser des impôts sous forme de denrées, ou de récoltes, pour les payer de leur
protection et des frais d'entretien des corps d'armes. C'est ainsi que se
constituèrent
les "fiefs", dans lesquels l'autorité était représentée dans chaque contrée
par les propriétaires des châteaux, les "seigneurs" .
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Maison forte de Buranlure (Près de Cosne sur Loire -
France)
(photos : " Les
Châteaux au Moyen-Age " de P. Gaulain et
J. Maréchal - Editions Pixures)
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Les seigneuries territoriales.
Et c'est à partir de cette succession d'événements au cours des dix premiers siècles,
allant des débuts de l'époque gauloise, jusqu'au début du moyen-âge, que se constitua
et s'organisa la société féodale française, jusqu'à la Révolution Française de
1789, à partir des premières seigneuries appelées aussi les " seigneuries
territoriales ".
Henri Boone, dans ce livre passionnant nous donne
les informations suivantes :
" Il y a plusieurs catégories différentes de
seigneuries ... Les seigneuries primitives sont le résultat d'une association des
habitants d'un village et de ses environs qui ont reconnu pour chef le propriétaire d'un
gros domaine " - P 106 - Ce sont les "seigneuries
territoriales".
" Postérieurement se formèrent d'autres
seigneuries, bien plus nombreuses et surtout honorifiques :
1) des seigneuries dites "personnelles" constituées aux dépens du
domaine de l'Etat. Elles différent des précédentes en ce qu'elles ne comprennent pas
autre chose que les biens du seigneur, qu'elles sont toujours extrêmement petites et n'ont
pas de sujets...
2 ) des seigneuries dites "de fief", constituées aux dépens du domaine
privé des seigneurs territoriaux. Lors des successions, des seigneurs, les aînés
succédaient seuls à la seigneurie territoriale indivisible, mais partageaient avec les
cadets les biens propres; d'autres fois, par besoin d'argent, tout ou partie de ces mêmes
biens étaient aliénés. Or, bien des cadets comme des acquéreurs obtinrent l'érection
de leur domaine en seigneurie secondaire ( arrière fief ). Elles se distinguent par la diminution de leurs privilèges,
toujours plus faibles que ceux des seigneuries dont elles sont issues, si faibles que
presque toujours ils se bornent à des droits honorifiques.
Enfin et sans que cela ait jamais constitué des seigneuries, beaucoup de bourgeois
possesseurs de domaines importants en prirent le nom avec le titre de "Sieur"
- P.106 -
La Seigneurie de BRETET.
Le village de BRETET, dans le cours de ces
événements
apparaît au IXème siècle, comme ce qui semble être le lieu d'un ancien chatelier
gallo-romain sur lequel s'est construit un site de défense, avant de devenir un château.
Dans la liste des Seigneurs de la région ( de St Hilaire des Loges, près de Fontenay le
Comte - Vendée) ) au Xème siècle, apparait ainsi le nom de Bretet,
composé par la Seigneurie au village de Bretet, dont le Seigneur
résidait au Logis de Calais - Cf. P.25 -
Ainsi au nombre de la vingtaine
de seigneuries territoriales
citées autour du Bourg de St Hilaire des Loges, la Seigneurie de Bretet
comprenait le village de Bretet et un territoire important délimité sur place, par les
lieux-dits de la Chaume, le Moulin Malicot, le Château des Moulières.
L'origine des noms, précise Henri Boone, dans beaucoup de lieux ou de familles de cette
région, s'appuyait sur des noms ou des diminutifs d'origine romaine, gallo-romaine ou
franque. Ainsi par exemple :
" Claireuil vient de Clarolus diminutif de Clarus (clair), prenom gallo-romain
très répandu. Perreau vient de Pétrolus diminutif de Petrus, Pierre, autre prénom
gallo-romain. Baudot vient de Thobaldot, diminutif de Thobald, prénom franc. Cette
abréviation est très courante dans le pays. Thibaud a fait Baud, Renaud a fait Naud,
Agraud a fait Raud... " - CF Note P.24 -
La Seigneurie territoriale de Bretet semble donc dater des années 850,
et pourrait donc
être
un nom d'origine gallo-romaine. Bretet
pourrait être un nom donné à un lieu venant d'un nom de famille.
La disparition des anciennes seigneuries territoriales.
C'est après la Guerre de Cent Ans (1337-1453), opposant la France à l'Angleterre, que
dans cette région on voit la disparition des anciennes familles féodales et des
seigneuries territoriales.
Certaines régions comme le Poitou sont cédées par Jean le Bon à la couronne
d'Angleterre avec le désastreux Traité de Brétigny en 1360, dans lequel le Royaume de
France perd un quart de son territoire. Alors de nombreuses familles nobles prennent
dans la région faits et causes, contraints et forcés, contre le Roi de France.
Avec l'arrivée au pouvoir de Charles V, Du Guesclin son connétable, est
chargé de rattacher le Poitou à la France et de chasser les Anglais, ce qui
est fait en 1380, date à laquelle les Anglais ne conserve plus que Calais et
la Guyenne. Sous Charles VI, la guerre civile entre les Armagnacs,
partisans de la Famille d'Orléans, et les Bourguignons, partisans des Ducs
de Bourgogne, avec la folie du roi, favorisent à nouveau les Anglais qui
gagnent la bataille d'Azincourt en 1415. Avec la complicité d'Isabeau de
Bavière, le Traité de Troyes consacre la déchéance du Roi de France, et la
régence du Roi d'Angleterre en 1420. Sous Charles VII,
Jeanne d'Arc réveille alors le patriotisme en s'opposant avec une petite
armée à l'occupation anglaise de diverses régions françaises, en
délivrant Orléans en 1429, et en faisant sacrer le Roi à Reims le 17 juillet
de la même année. .
Mais les familles qui s'étaient rangées aux côtés
des Anglais dans cette guerre du Roi de France, furent chassées, traquées,
éliminées, et dépossédées de tous leurs biens. C'est ainsi que des
Fonctionnaires du Roi qui étaient restés fidèles à ce qu'il restait
alors du royaume de France, furent anoblis et se virent attribuer les
domaines des seigneurs de la région, qui avaient été tués ou qui avaient dû
fuir.
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Un fonctionnaire du Roi, nouveau Seigneur de Bretet.
La Seigneurie de Bretet dont les occupants avaient été
ainsi pourchassés, fût ainsi attribuée à Guillaume Baut,
qui anobli, devint Seigneur de Bretet, autour des années
1400
On retrouve ainsi dans des archives anciennes et
parmi les différents possesseurs attestés de cette Seigneurie,
après la fuite des familles d'origine
: .......
en
1411 : Guillaume Baut et la
Famille Baut
de Bretet, puis : 1430 : Guillaume Baut
de Bretet
1431 : Pierre Baut
de Bretet
1520 : Famille D'Aux de Bretet 1635 : Claude
D'Aux de Bretet 1650 : Gabriel D'Aux de Bretet 1693 : René D'Aux de
Bretet 1696 : Henri D'Aux de Bretet 1741 : Marie D'Aux de Bretet
1793 : Famille Sénéchaux
Une seconde
période de l'histoire marqua profondément la région, avec l'arrivée du
protestantisme auprès duquel certaines de ces anciennes familles s'étaient
engagées en opposition à l'Eglise catholique et aux Rois de France qui les
avaient dépossédées.
Un peu plus tard la Révolution Française et les
Guerres de Vendée virent les héritiers de certaines de ces mêmes familles se
ranger contre le pouvoir de Paris et auprès de la Chouannerie, telle cette
Jeanne D'Aux de Bretet, religieuse de la Congrégation de
Notre Dame qui soutint les Vendéens et fût guillotinée en Janvier 1794.
En 1793, la Seigneurie de Bretet ayant été attribuée à la
famille Sénéchaux.
L'éparpillement du nom de Bretet.
On peut imaginer qu'au fil des événements et de l'histoire qui marquèrent
durement cette région, les familles comme celle de cette ancienne Seigneurie
territoriale de Bretet (à l'origine possible de notre famille), se sont
retrouvées réduites à la survie, et dispersées dans toutes les contrées de
Vendée et les départements proches.
La fréquence de ce nom de
famille dans toute la région à la quasi exclusion des autres régions de
France, au fil des générations, peut attester d'une origine commune que les
recherches généalogiques doivent pouvoir prouver.
Jean-Loup Bretet
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