Le petit train de Bourgneuf à Saint Gilles Croix de Vie


Le petit train à Fromentine en 1910
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Le petit train départemental fabriqué aux ateliers Corpet-Louvet et Carel, était destiné à assurer le désenclavement des îles vendéennes Noirmoutier et L'Ile d'Yeu et le proche littoral. Sa gare de départ fut d'abord de Challans, puis ensuite en juillet 1922, une autre ligne au départ de Bourgneuf-en-Retz fut créée.
Il fut inauguré le 11 Août 1896, pour remplacer la diligence, qui assurait ce service jusque là. Cette diligence qu'on appelait "Le Courrier"  parcourait en trois heures le chemin caillouteux qui séparait Challans de Beauvoir-sur-Mer. Le voyageur à destination de Fromentine, Noirmoutier ou l'Ile d'Yeu devait alors prendre place dans un char à bancs découvert, qui l'amenait à Fromentine en une heure .
 

Le petit train à vapeur longeait la route de Challans à Fromentine sur un parcours de 25 kilomètres, à la vitesse de 20 kilomètres à l'heure. Il serpentait le long de sa voie ferrée, passait auprès des maisons cahin caha, soufflant, crachant de toute la puissance de sa chaudière, comme essouflé parfois et sifflant à chaque intersection.

" A chaque halte, c'était un va et vient incessant de voyageurs. Dans ses vieux wagons à plate forme, les maraîchines, coiffées de la quichenotte ( large coiffe blanche ) traditionnelle vendéenne portée par les femmes des marais) animaient de leur verve les conversations aux thèmes inépuisables, tandis qu'au fond des paniers tout un monde volatile caquetait et cancanait de concert. Au bout d'une heure bien sonnée, on arrivait à Beauvoir-sur Mer, où l'on croisait la ligne en provenance de Bourgneuf-en-Retz ( mise en service le 1er Juillet 1922 ). C'était la grande halte au cours de laquelle le train effectuait d'interminables manoeuvres, qui duraient parfois de vingt à trente minutes. Les hommes en profitaient pour aller se désaltérer au bistrot tout proche, attendant le coup de sifflet strident qui les avertirait en temps opportun, de l'imminence du départ. Et l'on repartait enfin, à travers le marais, côtoyant sur le trajet les bourrines et les tas de sel marin, pour arriver à Fromentine, après plus d'une heure quarante cinq d'un parcours bien animé. "
( Cf. " L'Ile D'Yeu " - Maurice Esseul - Edition du Vieux Chouan )





Le petit train à vapeur à la gare de Fromentine en 1913
( à gauche : Henri Bretet, à 14 ans, tirant le chariot à bagages )


Fromentine : la locomotive du petit train
La locomotive du petit train à vapeur de la gare de Fromentine vers 1910




Vue du petit train  et de la gare de Fromentine vers 1900
Vue du petit train et de la gare de Fromentine vers 1900

 

La vie et la fin du petit train.

Le premier petit train fut inauguré en août 1896, et vécu sa vie dans le transport des marchandises et des passagers jusqu'en 1822 entre Challans, Beauvoir sur Mer et Fromentine. Aux beaux jours du printemps et de l'été, les riches estivants en provenance de Nantes, le plus souvent, mais aussi de Paris, ou de Bordeaux affluaient sur la c
ôte, à destination de Noirmoutier et de l'Ile d'Yeu, tandis que d'autres restaient sur le continent, comme à Fromentine, où certains faisaien construire leur résidence estivale.
Lors de cet afflux de touristes, le travail ne manquait pas. C'est ainsi que Henri Bretet, mon grand-père,
âgé d'à peine 14 ans avait pu trouver un petit travail, son premier, auprès de la compagnie du petit train à vapeur. Une photo ancienne datant de 1913, prise au débarquement des passagers à la gare de Fromentine, témoigne de son travail de bagagiste où on le découvre tirant une charette à quatre roues en bois, contenant de volumineux paquets et bagages, qu'il doit amener jusqu'au bout de l'estacade où accoste le  navire à vapeur pour l'Ile d'Yeu : le" Ville d'Auray".


Le second petit train fut mis en service entre Bourgneuf-en-Retz et St Gilles-Croix-de-Vie, en juillet 1922. Il transportait des voyageurs mais aussi des marchandises, surtout le fumier venant des fermes du marais et destiné aux maraîchers de la région nantaise. Celui-ci était chargé dans ces petits wagons du transport des passagers et des marchandises en prolongement de la ligne Pornic-Nantes.

Le petit train desservait les gares de Bouin-Beauvoir-Fromentine. A cette gare en bout de ligne existait une plaque tournante permettant à la locomotive de changer sa direction. De Fromentine le train continuait son périple vers la Barre-de-Monts, Notre-Dame-de-Monts, St-Jean-de-Monts et enfin St-Gilles.

N'ayant pas une force motrice excessive, il fallait quand même dans ce pays, au passage des ponts jetés au-dessus des étiers et donc surélevés de la chaussée, de temps en temps descendre et pousser le convoi afin de continuer sa route. Il suivait l'accotement, se tortillant en frôlant les tamaris et brusquement traversait la route sans crier gare, comme voulant se jeter dans la douve parallèle à son chemin, et enfin aux quelques arrêts,  rendait sa liberté à une foule bigarrée et joyeuse de retrouver les amis, les parents, et à la belle saison les plaisirs de la plage et du port de pêche.

Le petit train se faisait un voyage par jour, dans la direction de Bourgneuf, le jour du marché dans cette ville. Tout le long de la route, il prenait au passage les fermières du marais encombrées de paniers contenant la volaille, le beurre, les oeufs, destinés aux consommateurs de la région, à l'emplacement de l'actuel rond-point à l'entrée de Bourgneuf. Ces fermières descendaient et à pied se dirigeaient vers les halles toutes proches car à cet endroit le petit train obliquait à gauche vers le village des Puymains et la gare, où un nettoyage et une révision de la mécanique lui permettaient le lendemain de reprendre sa route vers le soleil et la mer.

Mais toute chose a une fin . La concurrence de l'autocar, plus rapide et ponctuel, au lendemain de la guerre mis fin à la vie du petit train à vapeur. Le 1er octobre 1949, il s'arrêta de circuler, au grand regret des anciens.

Jean-Loup Bretet