La Révolte de Roure : avril-juillet 1670
La Révolte
de Roure ou Révolte
du Roure fut
une importante révolte antifiscale
de l'Ancien Régime.
Elle dura d'avril à juillet 1670.
Elle tire son nom de son meneur, Anthoine du Roure, propriétaire terrien et
petit noble aisé de La Chapelle-sous-Aubenas dans
le département de l'Ardèche.
Éduqué et respecté, il avait servi dans l'armée royale.
Histoire
Dans un pays très éprouvé par le
problème religieux, l'hiver 1669, au cours duquel tous les oliviers de la
province du Languedoc gelèrent, fut suivi d'un printemps calamiteux (grêle)
qui détruisit les récoltes. Une rumeur d'impôts nouveaux - sur les chapeaux,
sur les souliers, sur les chemises, sur les journées des travailleurs, sur
la naissance des enfants - embrasa la région du Vivarais et mena au sac
d'Aubenas. Une répression terrible s'ensuivit et Roure fut arrêté
à Saint-Jean-Pied-de-Port puis roué vif à Montpellier le 29 octobre 1670.
Son cadavre fut ensuite exposé sur le grand chemin de Montpellier à Nîmes et
sa tête placée au-dessus de la porte Saint-Antoine à Aubenas. Une place
"Jacques Roure" a été dédiée à sa mémoire à Aubenas (sur proposition du
conseiller municipal Durand, en 1896) ; une autre place (place Anthoine du
Roure) porte aussi son nom à Lachapelle-sous-Aubenas.
Une Jacquerie ardéchoise
Les misères du temps, causes du
soulèvement C'est en 1670,
en plein règne de Louis XIV, que se déroule la Révolte dite de Roure,
véritable jacquerie dont la répression se termine dans l'horreur
des supplices. La misère
causée par les guerres de Louis XIV est encore accrue par un hiver
terrible qui fait périr tous les oliviers du Languedoc depuis Montpellier jusqu'à Aubenas. En France, on se plaint partout de la
multiplicité des impôts et des taxes qui ne sont plus supportables.
L'origine de la révolte est une taxe sur les cabarets destinée à financer
les travaux du canal du midi. l
Les débuts du mouvement
Le 30 avril, Barthélemy Casse, commis des fermes
à Béziers, est lapidé par des manœuvres et des femmes du quartier
Saint-Antoine à Aubenas et Bancatte, chef des émeutiers, est conduit en
prison. Le lendemain, Bancatte est délivré par les manifestants. Le
mouvement se généralise en Vivarais, 4 000 paysans révoltés entrent
à Joyeuse où venait de se tenir une Assemblée de l'assiette, et Largentière.
C'est alors qu'un gentilhomme
de Lachapelle-sous-Aubenas, Anthoine du Roure, connu pour ses idées
libérales et très populaire dans la région, se voit obligé, à son corps
défendant, de se mettre à la tête des paysans. Il marche sur Aubenas où
demeurent les principaux oppresseurs du peuple. Les paysans des environs
s'assemblent au son du tocsin, la révolte est générale.
Les menaces de répression
Le marquis de Castries, gouverneur du Languedoc,
informé par les bourgeois d'Aubenas, lance du Bourg-Saint-Andéol, où il est
arrivé par marches forcées, une ordonnance défendant, sous peine de mort,
les attroupements et la mise en circulation de faux bruits irritant le
peuple. Une garnison de 200 hommes part pour Aubenas.
Le soulèvement général
Le tocsin rassemble autour de la
ville 6 000 hommes accourus de vingt paroisses. Roure est
proclamé généralissime et regardé comme le protecteur du peuple et le
défenseur de ses droits.
Voilà cette armée en marche sur Villeneuve où se trouve le Grand Prévôt qui,
ne s'attendant pas à faire des procédures contre tant de coupables, s'enfuit
précipitamment au Bourg. Roure va attaquer Villeneuve, lorsque le Comte de
Vogüé, qui a quelque influence sur lui, le prie de suspendre les hostilités
jusqu'à ce que l'on connaisse les nouvelles idées du Marquis de Castries.
Ce dernier ayant lancé une nouvelle ordonnance,
promettant l'abolition du passé, les troupes de Roure se séparent.
Le Languedoc, la Provence, le Dauphiné et la Guyenne regardent avec plaisir
ce mouvement qu'elles se proposent d'imiter. La Révolution est peut-être
sortie de là, un siècle plus tôt.
Le commerce et le travail reprennent, lorsque le
châtelain d'Aubenas fait savoir que le Roi pardonne tout, sauf les meurtres,
les sacrilèges et l'affichage des placards de révolte. À cette nouvelle, les
partisans de Roure résolvent de ne plus rien ménager. Ils disent que leur
tour est venu de gouverner un peu et qu'ils ne veulent plus marcher en
aveugles. Ils assurent hardiment que les pots de terre doivent casser les
pots de fer. Cinquante
paroisses envoient des députés à l'assemblée de Mercuer. Constant et Dupuis
promettent d'aller exposer au roi les griefs du peuple. Pour mettre le
comble à cette surexcitation, 200 hommes de garnison arrivent à Aubenas; les
bourgeois se réfugient au château et au collège des Jésuites.
Roure entre dans la ville avec 8 000 hommes. Pendant
quelques jours on tire de part et d'autre, on massacre aussi tous les
pauvres diables qui ont omis de choisir entre le parti du peuple et celui du
château. L'armée des
paysans, grossissant de jour en jour, le ravitaillement devient difficile.
Roure quitte Aubenas avec 2 000 hommes. Des entrevues ont lieu à Alba où
l'on promet à Roure et à ses lieutenants l'amnistie générale s'ils déposent
les armes et s'ils font amende honorable.
La répression
Toutes ces négociations ont
pour but de donner à l'armée royale le temps d 'arriver. Cette armée compte
les mousquetaires de la Maison du Roi — dont d'Artagnan —, 3 000 fantassins,
1 600 cavaliers, et toute la noblesse des environs. Le choc a lieu à Lavilledieu;
seul le bataillon commandé par Roure tire quelques coups d'arquebuse. Une
sévère répression s'ensuit. L'armée royale entre dans Aubenas le 27 juillet.
Sept des principaux révoltés sont pendus. Le 28 juillet, le procès des
coupables commence devant la cour de justice de Nîmes. Deux sont roués, six
pendus sous les halles, deux autres sont condamnés aux galères, un grand
nombre est banni et deux femmes du quartier Saint-Antoine d'Aubenas sont
condamnées au fouet. Les
maisons et grange dudit Roure sont détruites, leurs fondement arrachés, ses
bois dégradés, sa famille proscrite. Les clochers de La Chapelle, Ailhon,
Lavilledieu, Vogué écimés et leurs cloches descendues. Les fourrageurs4 de
l'armée pillent tout dans les environs et passent au fil de l'épée ce qu'ils
trouvent de gens. La terreur règne dans le pays. Il faut une ordonnance de
l'Intendant du 20 août 1670 enjoignant, sous peine de mort, aux habitants de
regagner leurs demeures, pour ramener un peu de calme dans le pays.
Le sort de Anthoine
du Roure
Le 21 août, Anthoine du Roure,
chef des séditieux du pays de Vivarais, est condamné à être rompu vif pour
la réparation des crimes de lèse-majesté, rébellion, attroupements avec port
d'armes, sacrilèges, incendies, cruautés énormes, expédition d'ordres et de
passeports, convocation d'assemblée contre le service du roi.
Roure, las de mener la
dure vie du proscrit, résout de présenter lui-même une requête à Louis XIV.
Il va demander conseil à son procureur de Toulouse, un certain Bouet, qui
l'assure qu'il est un homme perdu s'il donne suite à ce projet et qui lui
conseille plutôt de gagner l'Espagne. Roure va échapper à la justice royale,
quand Bouet, pris du remords de laisser échapper un criminel d'état, le fait
arrêter à Saint-Jean-Pied-de-Port. Roure est conduit
à Montpellier où son procès est instruit de nouveau. L'exécution a lieu dans
cette ville le 29 octobre 1670. Son corps est exposé sur le grand chemin de
Nîmes et sa tête transportée à Aubenas quatre jours après et exposée sur le
portail Saint-Antoine. Sa maison est démolie, les
fondements en sont arrachés par l'exécuteur; ses bois sont dévastés et sa
postérité est rendue infâme; ses biens sont confisqués et sa femme et ses
enfants bannis du royaume. Les clochers d'Aubenas, Lavilledieu, Vogüé, Lachapelle-sous-Aubenas, Ailhon sont
coupés à hauteur du toit de l'église et leurs cloches descendues.
Aubenas, foyer de la rébellion, est condamnée à 500 écus d'amende envers le
roi et La Chapelle à 800, ainsi qu'aux frais de justice. Ainsi finit cette
jacquerie qui porte plus de 40 têtes sur l'échafaud, augmente les galères de
plus de 100 forçats, fait périr plus de 600 personnes. Les ecclésiastiques
d'Aubenas et le prince d'Harcourt reçoivent une indemnité pour les pertes
que l'armée de Roure leur a fait subir dans leurs biens. Le prince a fait
surtout ressortir que la résistance de son château d'Aubenas a empêché Roure
de porter dans toute la province du Languedoc l'étincelle révolutionnaire.
(Cf
Wikipedia)
JLB
>>> Voir aussi :
Paroisse
de Saint Privat - Mortuaire de ceux qui furent tués par les troupes du
Roi le jour de Ste Anne : 26 juillet 1670.
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